Le gérant du fournisseur de Lidl mis en cause dans le scandale des steaks hachés contaminés par la bactérie E.coli en 2011 a été condamné mardi à trois ans de prison, dont deux ferme, et 50.000 euros d'amende par la cour d'appel de Douai, dans le Nord. Guy Lamorlette, 78 ans, à la tête de la société SEB-Cerf basée à Saint-Dizier, en Haute-Marne, a également été interdit d'exercer toute activité industrielle ou commerciale et condamné à verser des dommages-intérêts aux victimes. La cour a confirmé le jugement de première instance prononcé en juin 2017.
Le prévenu a tenté de reporter la faute sur son ancien responsable qualité. Lors de l'audience des 4 et 5 février, Guy Lamorlette avait tenté de reporter la faute sur son ancien responsable qualité, Laurent Appéré, mort quelques jours avant le délibéré du premier procès. Le président avait affirmé en février que Laurent Appéré s'était suicidé, une version démentie par ses proches qui ont envoyé à l'AFP le certificat de décès faisant état d'une mort naturelle. Cette stratégie de défense n'avait pas convaincu l'avocat général Bernard Beffy qui avait requis la confirmation de la peine, ni les avocats des parties civiles.
Vers un pourvoi en cassation. Guy Lamorlette "envisage très sérieusement" de déposer un pourvoi en cassation, selon son avocat Me Arnaud Vauthier. "On ne veut pas enlever la qualité de victime à tous ces enfants et à leurs parents. C'est simplement un débat juridique sur la responsabilité de M. Lamorlette", a-t-il ajouté auprès de l'AFP.
Un enfant paralysé à vie et handicapé mental. En juin 2011, une quinzaine d'enfants avaient développé, après avoir mangé des steaks hachés achetés majoritairement chez Lidl et pour un cas chez Auchan, des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) qui ont laissé d'importantes séquelles. L'un d'eux, Nolan, est paralysé à vie et handicapé mental.
Un plan non validé par les autorités sanitaires. Le plan de maîtrise sanitaire (PMS) déployé chez SEB-Cerf, modifié quelques mois avant la contamination, n'avait pas été validé par les autorités sanitaires. Le nouveau PMS contrôlait uniquement les produits finis, de façon aléatoire, et non les matières premières. Lorsque les tests ont été positifs en E.coli, les échantillons ont à nouveau été testés pour ce germe afin d'éloigner le risque, mais sans contrôle spécifique à la dangereuse bactérie E.coli0157H7, une source particulièrement dangereuse dont les tests de détection sont plus longs et plus coûteux.