Témoignages de femmes visant des supérieurs hiérarchiques, des responsables de stages ou évoquant des épisodes de harcèlement dans la rue… Dans la foulée du scandale Weinstein aux États-Unis, un appel à dénoncer le harcèlement sexuel est devenu viral sur Twitter ce week-end, sous le hashtag #balancetonporc. "Une parole se libère. Et je crois qu'on n'avait pas conscience de la gravité et de l'ampleur de ces faits", observe sur Europe 1 Clémentine Autain, députée de La France insoumise et militante féministe.
"Sans cette parole libérée, il n'y a pas de recul de ces violences". "Je suis très heureuse que la parole se libère aujourd'hui puisque sans cette parole libérée, il n'y a pas de recul de ces violences", explique l'élue dans Hondelatte raconte. "Les femmes ne savent plus bien parfois elles-mêmes mettre le mot 'viol' sur ce qu'elles ont subi. Pareil pour le harcèlement, car la frontière entre la drague lourde et le harcèlement n'est pas toujours simple à démêler", reconnaît Clémentine Autain, elle-même victime de viol à l'âge de 23 ans. "Mais ce qu'il faut changer, c'est l'ensemble de ces comportements, de ce rapport de sujet à objet", plaide-t-elle.
Pour la militante, la racine de toutes ces violences est en tout cas commune. "Au fond, le viol, c'est l'expression ultime du rapport de forces qui s'est instauré depuis des siècles et des siècles entre les hommes et les femmes et que nous essayons de renverser", souligne-t-elle encore. "Il faut qu'on sorte de cette idée que les hommes sont toujours actifs et les femmes passives dans la séduction. Pareil dans la sexualité. Déjà, ce serait pas mal".
Pour une augmentation du budget des Droits des femmes. Alors que, selon l'Ined, une femme sur sept (et un homme sur 25) aurait subi au moins une forme de violence sexuelle - hors harcèlement et exhibitionnisme - au cours de sa vie, le gouvernement prépare pour l'an prochain un projet de loi dont les contours ont été dévoilés lundi. "Il faut voir l'ensemble du texte, mais si de bonnes choses sont proposées par le gouvernement Macron, on est prêt à les voter", réagit enfin la députée LFI. "Mais si on veut sérieusement prendre à bras-le-corps ces questions-là, on ne va pas le faire avec un budget des Droits des femmes qui est peau de chagrin", nuance-t-elle.
Selon les arbitrages du projet de loi de finances, le ministère de Marlène Schiappa obtiendra 29,8 millions d'euros en 2018, soit le budget "le plus élevé jamais atteint", selon la secrétaire d'État. En comparaison, le budget de la Culture, par exemple, s'élèvera l'année prochaine à près de 10 milliards d'euros.