Les travaux d'une troisième "bassine" ont débuté lundi dans les Deux-Sèvres à Priaires, deux jours après l'arrivée à Paris d'un convoi d'opposants à ces retenues d'eau destinées à l'irrigation agricole, partis dix jours plus tôt de Sainte-Soline. "Nous démarrons ce nouveau chantier comme c'était prévu dans le calendrier de la première tranche du projet", a annoncé dans un communiqué Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau 79, groupement d'agriculteurs qui porte le projet de ces réserves contestées.
Vers un nouveau Sainte-Soline ?
Des engins de terrassement sont arrivés pour entamer les travaux qui s'étaleront jusqu'à la fin de l'année, selon la même source. La bassine de Priaires doit entrer en service dès 2024. D'une capacité de 160.000 mètres cubes, c'est la plus petite des 16 programmées dans le département. Une première fonctionne à Mauzé-sur-le-Mignon et une autre est en construction à Sainte-Soline, où plusieurs manifestations depuis deux ans ont donné lieu à des affrontements entre opposants et forces de l'ordre - la dernière, fin mars, avait été la plus violente.
"Sur nos territoires, l'ambiance est irrespirable. Nous demandons la suspension immédiate des travaux, condition indispensable au retour du dialogue, afin que Priaires ne devienne pas un nouveau Sainte Soline", ont réagi les écologistes Lisa Belluco, député de la Vienne, et Benoît Biteau, eurodéputé et agriculteur en Charente-Maritime.
"On ne peut pas dialoguer si le gouvernement continue les chantiers de nouvelles bassines"
Samedi à Paris, au terme d'un convoi parti à vélo et en tracteur le 18 août de Sainte-Soline, un millier de personnes ont défilé pour protester contre ces retenues. La veille, les opposants avaient réclamé en vain un moratoire auprès de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne à Orléans. La mise en place de grilles à Priaires, préalable au début du chantier, avait envenimé le débat. "On a tenté une autre voie, celle de l'apaisement, d'une reprise du dialogue. Mais on ne peut pas dialoguer si le gouvernement continue les chantiers de nouvelles bassines", a déclaré samedi lors d'un point-presse le porte-parole du mouvement Les Soulèvements de la Terre, Benoît Feuillu, évoquant de nouvelles actions "pour démanteler les chantiers".
Le 8 septembre, neuf représentants de mouvements écologistes et syndicaux seront jugés à Niort pour avoir organisé des manifestations interdites par les autorités à Sainte-Soline. "Un grand rassemblement de soutien sera organisé. Et on ne sera pas loin de Priaires", a ajouté le militant.
Ces réserves creusées dans la terre et appelées "méga-bassines" par les opposants, visent à stocker en plein air de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Leurs partisans en font une assurance-récolte indispensable à leur survie et un outil de transition vers l'agroécologie. Les opposants dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie".