Après 48 heures de garde à vue, l’ancien numéro un du renseignement français, Bernard Squarcini, a été mis en examen notamment pour trafic d'influence et détournement de fonds publics, dans une enquête sur ses activités depuis sa reconversion dans le privé, a-t-on appris de source judiciaire.
Celui qui fut le numéro un du renseignement intérieur sous Nicolas Sarkozy, dont il est proche, a également été mis en examen pour plusieurs autres chefs, dont faux en écriture publique et usage, recel de violation du secret de l'instruction et atteinte au secret des correspondances par personne dépositaire de l'autorité publique, a précisé la source.
Soupçons de trafic d'influence. Après avoir été à la tête de la DCRI, Bernard Squarcini, très proche de l'ancien chef de l'Etat, s'est reconverti dans le privé après avoir été évincé de son poste à l'arrivée de la gauche au pouvoir. C'est cette reconversion qui intéresse les enquêteurs et les juges d'instruction. Avec une question : l'ancien grand flic a-t-il continué de faire fructifier ses relations dans la police et ses réseaux pour accéder à des informations sur des enquêtes en cours et les utiliser à des fins personnelles ou pour ses nouveaux clients ?
Les soupçons proviennent notamment d'écoutes téléphoniques menées en 2013, dans un autre dossier judiciaire. Selon une source proche du dossier, elles révèlent notamment que Bernard Squarcini demande à Christian Flaesch, alors à la tête de la PJ parisienne, des éléments sur une enquête conduite par le parquet de Paris après une plainte d'Hermès contre LVMH. En avril 2013, l'ancien patron du renseignement intérieur semble aussi rechercher des informations couvertes par le secret sur l'enquête pour fraude fiscale visant Jérôme Cahuzac, afin d'en faire profiter ses contacts, alors que le dossier empoisonne la vie du gouvernement de François Hollande.
Condamné dans l'affaire des "fadettes" du Monde. Depuis qu'il a quitté la police, Bernard Squarcini a déjà été confronté à la justice. Le "Squale" a été condamné en avril 2014 à 8.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris, qui l'a reconnu coupable d'avoir réquisitionné illégalement en 2010 les factures téléphoniques détaillées ("fadettes") du journaliste du Monde Gérard Davet pour connaître ses informateurs dans le dossier Bettencourt, menaçant la droite à l'époque. Il est également visé par une enquête préliminaire conduite par le parquet de Paris sur l'un de ses contrats, avec le géant du tabac Philip Morris, a indiqué une source proche de l'enquête.