Il y "croit encore". Alors que s'ouvre lundi le procès de l'ancienne ministre de l'Économie Christine Lagarde devant la Cour de Justice de la République (CJR) pour "négligence" dans l'affaire de "l'arbitrage Tapie", Bernard Tapie se dit "frustré", mais pas résigné.
"Peut-être que personne n’a envie d’entendre ce que j’ai à dire". L’homme d’affaires regrette de ne pas avoir été appelé à témoigner. "J’aurais bien aimé (…) mais personne – ni l’accusation ni la défense – ne m’a fait citer. Je suis frustré…", confie-t-il dans une interview au Journal du Dimanche. "Peut-être que personne n’a envie d’entendre ce que j’ai à dire. Tant pis, je trouverai d’autres occasions. Il y en aura !", continue-t-il.
Le scandale, ce n’est pas l’arbitrage qui m’a donné raison mais la façon dont il a été annulé.
Tapie dénonce "un tissu de mensonges". Le 30 juin dernier, la Cour de cassation avait validé l’annulation de l’arbitrage qui avait conduit à octroyer 404 millions d’euros à Bernard Tapie pour régler son litige avec le Crédit lyonnais, la justice considérant que la sentence prononcée était entachée de "fraude". "Le scandale, ce n’est pas l’arbitrage qui m’a donné raison mais la façon dont il a été annulé. Je le démontrerai", clame l'ancien président de l'Olympique de Marseille. "Tout le raisonnement qui a permis de dénoncer l’arbitrage est basé sur le rapport d’un commandant de la brigade financière qui, unilatéralement, a revisité des années de procédure pour démontrer l’indémontrable — à savoir que l’arbitrage aurait été truqué. C’est un tissu de mensonges", dénonce-t-il.
En cause, donc, l'utilisation d'un rapport de police dans la procédure, qui a poussé l'homme d'affaires à déposer plainte en septembre contre le policier qui a rédigé le rapport et le Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer l'héritage du Lyonnais. "À ce procès-là, je serai bien présent", affirme-t-il, alors que l'audience est fixée au 6 mars prochain. "Il n’y aura plus d’ambiguïté sur qui a volé et qui a été volé. J’invite tous ceux qui veulent comprendre l’affaire à venir au spectacle. Entrée gratuite !".
"On ne veut pas soulever le couvercle". "Je veux qu’on arrête de dire que j’ai floué le contribuable. Ce que j’ai perçu par cet arbitrage a servi, pour la plus grande partie, à rembourser mes créanciers (notamment le fisc)". Et le Crédit lyonnais a fait une plus-value fantastique sur la revente d’Adidas – pas loin d’un milliard d’euros au bas mot. Cet argent a atterri dans les caisses de l’État. (…) On ne veut pas soulever le couvercle", regrette Bernard Tapie, qui se disait encore "ruiné de chez ruiné", il y a un an. "On me réclame plus d’argent que je n’en ai reçu de l’arbitrage", continue-t-il à proclamer aujourd'hui.