La France a enregistré plus de 100.000 demandes d'asile l'an dernier, selon les chiffres définitifs publiés lundi par l'Ofpra, qui confirment un bond des dossiers albanais, bien devant les pays en crise comme l'Afghanistan ou la Syrie. Au total 100.755 demandes ont été enregistrées par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), ce qui représente une hausse de 17,5% par rapport à 2016, selon le rapport annuel de l'Office.
Un "cap symbolique" a été franchi, "sans que cela constitue un afflux massif", a assuré Pascal Brice, le directeur général de l'Ofpra, en conclusion du rapport publié juste avant l'examen du controversé projet de loi "asile-immigration" la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.
Le taux de protection est passé à 36%. Les premières demandes (hors mineurs et réexamens) se sont établies à 73.802, selon ce document qui confirme des tendances largement dévoilées en janvier. Le taux de protection est passé à 36% contre 38% l'année précédente, du fait que beaucoup de demandeurs venaient de pays où l'absence de conflit ou de persécution justifiait peu une demande d'asile.
La demande albanaise a ainsi bondi à 12.131 dossiers au total (mineurs et réexamens compris), soit une hausse de 60% en un an - après avoir déjà doublé l'année précédente. Ce phénomène, attribué en grande partie à des motivations économiques, a connu "un infléchissement au second semestre", selon l'Ofpra. Mais il inquiète le ministère de l'Intérieur qui a inclus plusieurs mesures pour décourager les demandes abusives dans son projet de loi, au risque, selon les associations, d'une réduction des droits.
La procédure Dublin représente 36% des demandes d'asile. Viennent ensuite l'Afghanistan (6.671 demandes), la Syrie (5.824), Haïti (5.744) qui concerne surtout des arrivées en Guyane, et le Soudan (4.823). Autre confirmation: la forte progression des pays d'Afrique de l'Ouest et francophone dans la demande, notamment des Ivoiriens dont le nombre a plus que doublé (3.745), des Guinéens (+50% à 4.292) et des ressortissants de République démocratique du Congo (4.228).
Le début de l'année 2018 est marqué par une "baisse importante de la demande albanaise, un ralentissement de la demande haïtienne et une hausse marquée de la demande géorgienne", a indiqué Pascal Brice.
Si l'on ajoute à ces chiffres les migrants ayant déposé un dossier en préfecture mais relevant d'un autre pays européen aux termes de la procédure dite "de Dublin", la demande atteint 121.200 dossiers au total, selon le ministre de l'Intérieur. La procédure Dublin représente désormais "36% de la totalité de ces demandes d'asile".