Du fond de la mer Méditerranée au plus petit affluent de la Vienne, des côtes normandes au glacier du Mont-Blanc, les pesticides sont partout. Ils ne visent à l'origine que des insectes, mais contaminent finalement toute la chaîne alimentaire. C'est le résultat de deux ans d'étude de l’Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) pour le ministère de la Transition écologique. Tous les milieux sont contaminés, avec des conséquences indirectes sur des animaux, pourtant éloignés des zones les plus concernées.
À chaque nouvelle étude, de nouvelles conséquences découvertes
"On découvre de plus en plus d'effet sur des espèces éloignées des insectes, comme les oiseaux. On a parlé de la perturbation des facultés d'orientation des oiseaux qu'on retrouve aussi sur les abeilles, des difficultés de retour à la ruche, par exemple, et des effets indirects sur la ressource alimentaire pour les oiseaux. Et donc un déclin des populations d'oiseaux, en conséquence de ces effets", détaille la chercheuse Sophie Leenhardt, qui a coordonné l'étude.
Tout cela menace d'extinction 10 à 15% des oiseaux. Les grenouilles, elles, ont des difficultés à se reproduire. Et côté mer, c'est même le système immunitaire des dauphins et des huîtres qui est affaibli. Les scientifiques regrettent que la réglementation ignore ces constats de la recherche.
"Chaque nouveau travail de recherche nous donne un aperçu de contaminations qu'on n'avait pas anticipées auparavant. Ce sont des éléments mal couverts par les évaluations réglementaires", affirme la chercheuse. D'ici l'automne, une autre étude paraîtra sur les solutions agricoles pour se passer des pesticides.