L'arrêté a été signé vendredi après-midi par la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio : le démantèlement de la "Jungle" de Calais démarre lundi matin à 8h, et s'étalera sur toute la semaine (au moins). Combien de personnes reste-t-il à évacuer ? Combien d'effectifs sont mobilisés ? Comment seront pris en charge les migrants ? La réponse en cinq points.
Combien de migrants reste-t-il à évacuer ?
Il reste, selon la préfecture, 6.400 migrants résidant dans le bidonville de la sous-préfecture du Pas-de-Calais. Parmi eux, 1.200 mineurs isolés ont été recensés. Mais le nombre précis de migrants présent dans la "Jungle" fait régulièrement débat. En août dernier, les associations l’Auberge des migrants et Help Refugees en avait recensé 9.000, quand la préfecture en comptait alors 6.900.
Que va-t-il se passer pour eux cette semaine ?
Les migrants évacués auront accès à "un sas", un grand hangar sur un terrain de 3.000 m2, loué spécialement et situé à 300 m de la "Jungle". Ils viendront à pied. Un "flyer" traduit en plusieurs langues est diffusé dans le camp ce weekend pour leur expliquer ce qui les attend.
Le sas sera ouvert tous les jours de la semaine de 8h à 20h. A l'extérieur, quatre files d'attente bien identifiées, avec des pictogrammes : pour les majeurs, pour les mineurs sans famille, pour les familles et pour les personnes vulnérables (malades, femmes enceintes...). Des personnels de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) proposeront à chaque migrant deux régions possibles pour leur arrivée en Centre d'accueil et d'orientation. Ceux qui veulent partir ensemble le pourront. Un bracelet sera remis aux partants, afin d'éviter les erreurs d'aiguillage.
La sécurité civile relèvera ensuite leur identité et les migrants monteront dans les autocars garés derrière le hangar, avec deux accompagnateurs. Soixante bus partiront lundi, 45 mardi et 40 mercredi. Le planning des jours suivants reste à déterminer. Les cars seront équipés d'une géolocalisation. La préfecture d'accueil connaîtra à tout moment leur position. Lors des pauses sur la route, des gendarmes seront présents pour s'assurer "que tout se passe bien". Les bus desservant les destinations les plus éloignées partiront le soir et rouleront de nuit.
Où seront accueillis les migrants ensuite ?
Les migrants qui accepteront d'être pris en charge seront répartis dans 287 Centres d'accueil et d'orientation (CAO) partout en France, sauf en Île-de-France et en Corse. Les CAO accueilleront en moyenne une vingtaine de personnes chacun, afin d'éviter des concentrations trop importantes. Une fois arrivés sur place, les réfugiés seront pris en charge et pourront prendre un rendez-vous à la préfecture, pour faire valoir leurs droits et déposer une demande d'asile. Le dossier de ceux qui ont déjà demandé l'asile en France sera transféré dans la région d'accueil.
Ceux qui refusent d'être pris en charge et de déposer une demande d'asile s'exposent à une interpellation (mais seulement au terme de l'évacuation) et à un placement en centre de rétention administrative.
Enfin, les autorités britanniques promettent également d'accélérer les procédures pour ceux qui veulent rejoindre leur famille Outre-Manche. Une centaine de dossiers serait actuellement à l'étude.
Quid des mineurs isolés ?
Les mineurs isolés seront accueillis par des bénévoles de France Terre d'asile au centre Jules-Ferry et au centre d'accueil provisoire (CAP), deux structures en dur qui jouxtent la "Jungle". Ils porteront un bracelet jaune. En cas de doute sur leur minorité (la plupart de ceux qui se déclarent mineurs ont entre 16 et 18 ans), un binôme franco-britannique avec un fonctionnaire du Home Office s'efforcera de vérifier leur âge. Jusqu'à 600 mineurs devraient être accueillis au CAP dès lundi soir, selon la préfecture.
Quel sera le dispositif de sécurité cette semaine à Calais ?
"On s'attend à avoir beaucoup de monde lundi matin, parce que même s'il y a des places pour tout le monde, ce sera premier arrivé, premier servi", affirme la préfecture du Pas-de-Calais. "Il peut y avoir des mouvements de foule", donc il y aura "une présence policière" sur place.
1.250 policiers et gendarmes sont en effet engagés. "C'est une opération à risques, qui peut dégénérer, avec la nécessité de faire intervenir la force publique", admettent les pouvoirs publics. Selon la préfecture, ce sont surtout des militants prêts à en découdre qui risquent de poser problème plus que les migrants. Le week-end des 15-16 octobre a été signalée l'arrivée de 150 à 200 "No Border" (militants européens prônant l'abolition des frontières). Il y aurait en revanche "très peu" de zadistes venant de Notre-Dame-des-Landes.
Dans le périmètre de l'opération, seuls les titulaires d'un badge (officiels, associatifs, journalistes...) pourront circuler. À noter que le Défenseur des droits de l'homme, le Contrôleur des lieux de privations de libertés ainsi que tous les parlementaires qui le souhaitent ont été conviés à venir observer l'opération et s'assurer qu'elle se passe dans des conditions dignes.