"Ce qu'on voulait c'était adapter l'architecture urbaine au climat méditerranéen", résume Pierre Tourre, l'architecte urbaniste qui a conçu l'écoquartier Rive Gauche sur les bords du Lez, à Montpellier. Les études ont commencé en 2007 et la première pierre a été posée en 2012 pour permettre à 1.200 logements de sortir de terre. Des logements pensés pour ne pas avoir recours à la climatisation, dans un souci d'écologie tout en permettant au logement d'être agréable été comme hiver.
La première chose a été de repenser l'agencement et la forme des bâtiments. "Des études ont montré que les quartiers qui étaient strictement orthonormés sont plus chauds que les quartiers où l'implantation urbaine est plus aléatoire", précise Pierre Tourre, en montrant le plan global de Rive Gauche. "L'îlot refermé, c'est le pire pour créer des ilots de chaleur urbaine. On casse ça. Il faut éviter au maximum les concentration d'air. On a des lignes brisées qui permettent de favoriser la circulation de l'air", détaille-t-il au micro d'Europe 1.
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Il s'appuie notamment sur l'"effet Venturi" qui fait que l'air prend de la vitesse au contact de hauts bâtiments. "Dans ce quartier on a le Lez", ajoute l'architecte. "On va profiter de l'évapotranspiration du Lez qui va rafraîchir le quartier grâce à la circulation de l'air".
Persiennes et terrasses casquettes
Il a conçu deux bâtiments sur la vingtaine que compte le quartier. L'homme a établi un cahier des charges que ses confrères devaient respecter. "Il y avait une base, c'était qu'il n'y ait jamais un rayon de soleil sur une partie vitrée", explique-t-il. "Si vous avez ça, derrière vous avez un échauffement dramatique et c'est difficile de réguler la température. Donc j'ai préconisé la création de persiennes pour protéger les ouvertures de la lumière. On a aussi des brise-soleil orientables avec lesquels on peut moduler l'ouverture en particulier la nuit pour faire circuler l'air frais".
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Beaucoup de logements ont été pensés pour être traversant. Par ailleurs, sur plusieurs bâtiments, des "terrasses casquettes", des balcons suffisamment profonds pour faire de l'ombre dans le logement évitent aussi au soleil de pénétrer directement dans les appartements.
Isolé et végétalisé
Pour les habitants, le contrat est rempli. Danièle habite ici depuis trois ans dans un appartement traversant : "Ça nous permet de faire des courants d'air qui rendent la température tout à fait acceptable même en ce moment", précise-t-elle. "Les appartements sont récents donc très bien isolé et ça se ressent franchement."
Par ailleurs, le quartier a été pensé pour être massivement végétalisé. 500 arbres ont été plantés dans toute la zone et la végétation a eu le temps de se développer, ce qui a créé des îlots de fraicheur qui viennent contrebalancer la chaleur du bitume de la pierre ou du béton. "On a un jardin intérieur qui rafraichit tout notre immeuble. On a beaucoup de verdure. Les terrasses ont beaucoup de plantes", s'enthousiasme Marie-Christine qui a choisi il y a quelques années de s'installer à Montpellier pour sa proximité avec la mer. "Je suis très sensible aux problèmes d'environnement donc je refuse d'avoir une climatisation. Je ferme toute la journée, j'ouvre la nuit et on fait du courant d'air pour aérer notre logement", détaille-t-elle.
Dix degrés en moins
Des études ont été menées sur l'ensemble du quartier et dans les logements. Les habitants constatent une baisse moyenne de dix degrés de la température dans le quartier grâce à ces aménagements. "Si on arrive à baisser de sept à dix degrés la température par endroit, c'est déjà considérable", explique Pierre Tourre. "Surtout d'une manière passive. Aucun de ces dispositifs n'a besoin d'électricité. C'est de la low tech. Une fois que c'est construit, ça fonctionne", conclut l'architecte.