15 jours de grève dans les raffineries et la situation dans les stations-service est loin de s'améliorer. Au contraire, les files d'attente d'automobilistes s'allongent de jour en jour pour tenter de faire le plein. Plusieurs options s'offrent alors aux salariés : les transports en commun, le covoiturage, le vélo... Mais certains Français sont tributaires de leur véhicule pour effectuer leur métier. C'est le cas de cette infirmière à domicile en Ile-de-France rencontrée par Europe 1.
Des patients inquiets
"Regardez, il ne me reste plus grand chose mais ça tiendra pendant la durée de ma tournée", montre du doigt Kyliane. Au volant de sa petite voiture noire, cette infirmière libérale se rend dans un appartement de Saint-Denis, en banlieue parisienne, où un jeune homme de 32 ans, atteint d'un cancer, et sa femme désemparée, l'attendent pour une urgence. "Il y avait des cailloux dans ses tuyaux, si elle ne peut pas venir, on est foutu. Ça fait très peur", raconte l'épouse.
C'est déjà la deuxième fois que l'infirmière de 45 ans fait l'aller-retour dans la journée. "À 4 heures du matin, j'étais obligée de revenir le voir parce que la pompe sonnait, sachant que j'avais vraiment très peu de carburant, mais je n'avais pas le choix", explique l'infirmière.
Faute de pouvoir se déplacer, l'infirmière apprend aux patients à servir du matériel de santé
Aujourd'hui, elle se voit contrainte de limiter ses déplacements et tout le monde ne comprend pas. "Les patients veulent qu'on les soigne et ils ne comprennent pas pourquoi on ne passe pas trois fois, parce que sur l'ordonnance, le médecin a bien marqué trois passages. Je veux bien passer trois fois, mais je n'ai pas de carburant !" s'exclame-t-elle. "Vu comme c'est difficile avec le carburant, j'ai envoyé trois patients fragiles à l'hôpital." L'infirmière essaye d'anticiper ou tente de trouver d'autres solutions en apprenant aux patients à se servir du matériel de santé. Kyliane s'est aussi mise aux rendez-vous par visio pour éviter de prendre sa voiture. Mais à un moment, elle n'aura plus le choix, il faudra trouver du carburant.
"J'ai ciblé deux stations essence, j'irai faire la queue vers 2 heures du matin et je prendrai une tasse de café", prévient-elle. Si elle le prend avec le sourire, Kyliane ne demande aujourd'hui qu'une chose : avoir un accès prioritaire aux stations-service.