Face à la pénurie de carburants, née d'un mouvement de grève dans les raffineries d'Esso-ExxonMobil et TotalEnergies, le gouvernement durcit le ton. Ce mardi, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé le lancement d'une procédure de réquisitions de personnels chez Esso-ExxonMobil. De quoi contraindre plusieurs salariés grévistes à reprendre leur activité sous peine de poursuites.
De l'incompréhension chez les salariés d'ExxonMobil
Une annonce qui a suscité une vague d'incompréhension dans le dépôt Esso de Notre-Dame-de-Gravenchon, près du Havre, où Europe 1 s'est rendue. Selon les syndicats, ces réquisitions préfectorales, dans le cadre d'un mouvement de grève, n'ont rien d'inédites mais concernent généralement des tâches de maintenance. Ainsi, sur ce site classé Seveso, les grévistes se relayent toutes les 8 heures depuis le début du mouvement.
"Le personnel est déjà requis, donc on ne sait pas ce qu'ils vont pouvoir faire de plus en termes de réquisition. Ils ne vont pas mettre quelqu'un derrière notre dos pour aller tourner une vanne. Donc en fait, on est très surpris de cette annonce et on ne sait pas comment ça se passe", confie Pierre-Antoine Aubert, délégué général de Force ouvrière.
Les syndicats ne savent donc pas comment réagir. Ils attendent maintenant les explications de leurs avocats concernant les sanctions encourues par un gréviste qui refuserait de se soumettre à ces réquisitions.
De la sérénité chez TotalEnergies
Pour TotalEnergies, le gouvernement n'a pas encore lancé la moindre procédure mais les salariés s'inquiètent de devoir subir le même sort que leurs confrères d'Esso-ExxonMobil. Du côté du géant pétrolier, la grève a été reconduite et la direction s'est dit prête à entamer le dialogue à condition que le mouvement cesse. Une proposition rejetée par la CGT qui attend avec sérénité les prochaines décisions de l'exécutif.
"Pour l'instant, nous n'avons reçu aucune réquisition. On attend tranquillement et lorsque les réquisitions tomberont, nous envisagerons le mouvement à suivre", assure Olivier Mercier, délégué syndical CGT, interrogé par Europe 1 à la raffinerie de Feyzin dans le Rhône. Ici, la CGT maintient ses positions et estime que la direction est la seule responsable de ce blocage.
"Ce qu'on va dire aux Françaises et aux Français, c'est que les blocages sont la conséquence du non dialogue du PDG du groupe TotalEnergies. Il ne souhaite pas discuter sur l'inflation que subissent toutes les travailleuses et travailleurs de notre groupe", estime Sébastien Saliba, délégué CGT.
Depuis le 27 septembre, seuls 47 camions citernes sont sortis de cette raffinerie du Rhône contre 250 chaque jour avant le début du mouvement.