Le couple avait scellé un "pacte criminel", que les enquêteurs espèrent exploiter jusqu'au bout. Monique Olivier, ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, condamnée comme lui à la détention criminelle à perpétuité, doit être entendue par une juge d'instruction parisienne durant plusieurs jours, à partir de mardi, selon les informations d'Europe 1. Celle par qui les premiers aveux des meurtres étaient arrivés, en 2004, devrait être interrogée à propos de deux assassinats récemment confessés par son ancien époux, mais aussi potentiellement d'autres dossiers, sur lesquelles plane toujours l'ombre de "l'ogre des Ardennes". Europe 1 les a recensés.
Les affaires Parrish et Domece
Dans ces deux dossiers, la piste Fourniret n'est pas nouvelle. En 2008, le tueur en série avait déjà été mis en examen pour les enlèvements et les assassinats de Joanna Parrish, une assistante d'anglais retrouvée morte dans l'Yonne en 1990, et de Marie-Angèle Domece, une jeune handicapée mentale disparue en 1988 dans le même département et dont le corps n'avait jamais été retrouvé. Mais la cour d'appel avait finalement ordonné un non-lieu à son encontre en 2011.
C'est l'"ogre des Ardennes" lui-même qui a relancé l'enquête en février, formulant des aveux "réitérés" dans ces deux affaires, selon les avocats des familles des victimes. Mais la personnalité trouble du tueur en série, qui a déjà dérouté la justice à plusieurs reprises, pousse les enquêteurs à considérer ces propos avec prudence. Depuis ces "aveux", de nouvelles recherches menées dans l'Yonne n'ont pas permis de retrouver le corps de Marie-Angèle Domece. Début mai, les parents de Joanna Parrish ont, eux, dit avoir reçu l'assurance de la justice française qu'un procès aurait lieu.
L'affaire Estelle Mouzin
La disparition d'Estelle, neuf ans, sur le chemin de l'école à Guermantes, en Seine-et-Marne, est l'autre dossier dans lequel revient régulièrement le nom du tueur en série. En 2006, l'affaire avait semblé connaître son épilogue lorsque des photos de la fillette avaient été retrouvées dans son ordinateur. Michel Fourniret lui-même avait demandé à être entendu pour cette disparition… Jusqu'à ce que les enquêteurs ne le mettent hors de cause, un an plus tard : un appel téléphonique prouvait qu'il se trouvait en Belgique au moment des faits.
Mais pour les avocats du père d'Estelle Mouzin, cet alibi ne suffit pas à écarter totalement la piste. Selon Me Corinne Herrmann, Michel Fourniret a d'ailleurs livré des "aveux en creux" lors d'une audition par les enquêteurs, le 2 mars dernier… La famille réclame désormais le dessaisissement de la PJ de Versailles, en charge de l'enquête, et qui aurait selon elle négligé l'hypothèse Fourniret. Déboutée en première instance, elle a fait appel.
Une jeune fille au pair disparue dans les années 1990
Parmi les onze crimes dont Monique Olivier a accusé son ex-mari au fil des années figure aussi le meurtre d'une jeune fille au pair qui a vécu chez eux, en Belgique, durant l'été 1993 et qu'il aurait étranglée dans la cuisine. Michel Fourniret nie cet assassinat. Mais surtout, les ex-époux affirment tous deux avoir oublié le nom, l'origine, et même le prénom de cette jeune femme qu'ils auraient hébergé pendant plusieurs semaines. Malgré plusieurs appels à témoins établis grâce aux souvenirs d'habitants du village, les enquêteurs n'ont pour l'instant pas réussi à remonter la piste de cette victime potentielle.
Un assassinat crapuleux en 1988
Dans un tout autre dossier, différent du mode opératoire habituel de Michel Fourniret, le tueur en série et son ex-épouse doivent être jugés aux assises, en novembre prochain. L'assassinat, commis en 1988, repose sur un mobile crapuleux : la victime, Farida Hammiche, dont le corps n'a jamais été retrouvé, était en effet mariée à un braqueur, qui avait partagé la cellule de Fourniret à Fleury-Mérogis et l'avait mis sur la piste d'un magot de lingots et de pièces d'or. Se sentant lésé lors du partage du butin, déterré avec Farida Hammiche, Fourniret l'aurait tuée et enterrée dans une zone isolée des Yvelines, selon les aveux formulés par Monique Olivier. Avec l'or du "trésor", le couple s'était offert le manoir de Sautou, où furent découverts deux cadavres.