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Mélina Facchin , modifié à
La plateforme de location de piscines entre particuliers Swimmy, qui fonctionne sur le même modèle qu’Airbnb, dresse un constat plutôt surprenant : un client sur cinq environ serait une femme musulmane. Une clientèle qui souhaite se baigner à l’abri des regards et qui fuie donc les piscines publiques.
REPORTAGE

Avec le temps estival de ce mois de mai, beaucoup de Français se ruent sur les piscines. Mais certains, notamment à cause de leur religion, évitent les piscines publiques. Contrairement à la mairie de Grenoble qui a récemment autorisé le port du burkini dans ses établissements, la plupart des villes de France (sauf Rennes) l’interdisent. Alors de nombreuses femmes musulmanes pratiquantes louent des piscines à des particuliers, par exemple via la plateforme Swimmy. Le site estime que 20% de sa clientèle est musulmane.

"On peut être en maillot de bain et à l’abri des regards"

Une belle et grande piscine intérieure, des transats moelleux, un immense jardin. Dans cette maison de Lampertheim, près de Strasbourg (Bas-Rhin), Souaida et Imen profitent de cet après-midi ensoleillé. Pour 30 euros de l’heure, ces deux sœurs musulmanes ont loué cette piscine chez une particulière. Le seul moyen, disent-elles, de pouvoir se baigner en toute tranquillité : "Bien sûr, c’est lié à notre religion" confirme l’aînée, Souaida.

"Ici, on peut être en maillot de bains et à l’abri des regards" explique cette mère de famille, adepte de ce concept de location depuis des années. Aucune piscine publique dans la région n’autorise le port du burkini, alors Imen estime ne pas avoir d’autre choix si elle souhaite se rafraîchir : "C’est vraiment que ça coûterait moins cher d’aller dans une piscine publique, mais c’est ce cadre privé qui nous attire et le fait de pouvoir porter n’importe quelle tenue". En l’occurrence, des maillots de bains deux-pièces.

"On leur amène un plaisir qu’elles n’ont pas"

La propriétaire de cette piscine, Betty Reibel, est inscrite sur Swimmy depuis quatre ans. Et elle a très vite été surprise par le nombre de clientes musulmanes et juives aussi qui la contactent. "La question qu’on me pose le plus souvent c’est : est-ce qu’il y a un vis-à-vis ? Est-ce qu’on peut nous voir ?" rapporte-t-elle. "Et je réponds non : j’ai justement acheté des stores pour fermer les vitres". Betty reconnaît qu’elle ne s’attendait "pas du tout" à avoir ce type de clientèle au départ, "mais c’est vrai qu’on voit qu’on leur amène un plaisir qu’elles n’ont pas" poursuit-elle. "Je n’imaginais pas qu’il y avait de telles privations". 

20% environ de la clientèle est musulmane

Le site Swimmy, qui depuis six ans propose des locations de piscines entre particuliers partout en France, compte aujourd’hui 200.000 clients et 4.000 propriétaires de piscines privées. "On a effectivement beaucoup de personnes qui louent des piscines pour des questions religieuses, qui ne veulent pas être vues en maillot de bain, qui souhaitent un espace privatisé pour pouvoir se baigner", confirme Raphaëlle de Monteynard, la fondatrice de Swimmy.

"On l’a déduit par rapport aux questions qui sont posées sur la plateforme" précise-t-elle sur Europe 1. "Celle du vis-à-vis revient souvent, celle de savoir s’il y aura un homme présent dans la maison ou si les volets pourront être fermés". Aujourd’hui, Raphaëlle de Monteynard estime qu’une location sur cinq environ s’effectue sur son site pour des questions religieuses.