Plusieurs parties civiles dans l'information judiciaire sur la pollution massive des Antilles au chlordécone ont annoncé faire appel du non-lieu des juges d'instruction prononcé lundi, selon des éléments recueillis vendredi par l'AFP. Avocat historique des victimes du chlordécone et maire écologiste de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Me Harry Durimel a indiqué à franceinfo son intention de faire appel. "Si la Cour d'appel ne nous donne pas raison, nous ferons un pourvoi en cassation. Nous sommes déterminés à aller jusqu'à la Cour de cassation et à la Cour européenne de justice pour que justice nous soit rendue", a-t-il également assuré.
L'ensemble des avocats a l'intention de continuer les procédures
"Un État de droit ne peut pas dire qu'il y a un non-lieu face à une injustice d'une telle gravité", a aussi indiqué l'avocat, "sidéré" car "c'est par la presse" que les associations guadeloupéennes et martiniquaises ont, d'après lui, appris le non-lieu. Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique, partie civile, a annoncé dans un communiqué organiser une réunion vendredi à 11 heures avec les différentes instances politiques de l'île.
"L'ensemble des avocats a l'intention de continuer les procédures, c'est à dire de contester cette décision. Ils vont faire appel, si l'appel ne va pas dans notre sens, de contester devant la Cour de cassation et d'aller s'il le faut devant les instances européennes" a indiqué à l'AFP Philippe Pierre-Charles, membre du collectif Lyannaj pou Depolyé Matinik.
"Nous allons faire" appel, "nous irons jusqu'au bout, nous n'allons pas capituler, et nous ferons en sorte que dans cette affaire, les Martiniquais et leur droit constitutionnel soient respectés", a abondé auprès de l'AFP Me Louis Boutrin, avocat de l'association Pour Une écologie Urbaine, partie civile depuis 2007 dans ce dossier.
"Insupportable pour les victimes"
Dans un communiqué, l'association Générations Futures indique aussi son intention de faire appel de cette décision. "Il est insupportable pour les victimes de ne pouvoir défendre leurs droits lors d'un procès devenu indispensable", a indiqué Nadine Lauverjat, déléguée générale de l'association.
Me Christophe Lèguevaques a aussi indiqué dans un communiqué qu'il allait "proposer" à ses clients de faire "appel de cette décision inique, basée sur des faits mensongers et méprisant les règles élémentaires de droit". Deux juges d'instructions parisiennes ont reconnu lundi un "scandale sanitaire" mais ont mis un point final, sans poursuites, à l'enquête sur l'empoisonnement provoqué par ce pesticide autorisé dans les bananeraies jusqu'en 1993.