Elle était surnommée "Mamie djihad". Christine Rivière, mère fusionnelle d'un jeune Français devenu "émir" en Syrie, a été condamnée vendredi à Paris à dix ans de prison, assortis d'une période de sûreté des deux tiers - la peine maximale - pour son "engagement sans faille" auprès des djihadistes.
Un engagement "fanatique" Le tribunal correctionnel a suivi l'ensemble des réquisitions du parquet, relevant la "détermination" de cette mère de famille de 51 ans qui s'est rendue trois fois en Syrie en 2013 et 2014, a "contribué au départ de plusieurs jeunes femmes" et et au "financement" de la cause djihadiste. "Votre engagement sans faille, qualifié de fanatique par l'expert psychologue, vous a conduit à adhérer à la mouvance radicale" et "vous vous êtes totalement épanouie dans cette idéologie", lui a asséné la présidente, Isabelle Prévost-Desprez, expliquant la sévérité la décision.
Convertie par son fils cadet Tyler, 27 ans, presque immédiatement radicalisée, Christine Rivière avait été interpellée le 2 juillet 2014, au domicile de son fils aîné, Leroy, 30 ans, alors qu'elle s'apprêtait à repartir en Syrie après trois précédents voyages. Tyler Vilus, combattant vite monté en grade dans la hiérarchie djihadiste, avait été arrêté un an plus tard en Turquie et extradé vers la France. Son dossier est toujours à l'instruction. "L'influence de votre fils ne peut être ignorée", a relevé la présidente, mais "il apparaît que vous l'avez constamment encouragé dans ses velléités combattantes. Sa progression dans la hiérarchie, vous en étiez fière".
"La mère maquerelle du djihad". Peu avant, le procureur Guillaume Michelin avait décrit une femme dangereuse, qui cherchait à maintenir son fils Tyler dans sa "dépendance" et avait trouvé dans le djihad la possibilité de former à jamais avec lui "un couple d'immortels". Elle a "fait de son fils un fusil" et "a été la mère maquerelle du djihad", celle qui fournit des épouses aux soldats de l'EI, à l'image de cette jeune Belge qui deviendra la première épouse de Tyler.
À l'audience, Christine Rivière a contesté avoir apporté un soutien à l'organisation djihadiste ou avoir elle-même combattu en Syrie. Son avocat, Me Thomas Klotz, a décrit une femme en mal de repères, ayant des connaissances très sommaires de l'islam. "Elle s'est complètement perdue, on est au cœur des ténèbres".