Des maladies respiratoires, aiguës ou chroniques, des risques d’accidents cardio-vasculaires, d’affection de la peau… Les dangers d’une exposition intensive à la pollution de l’air sont connus. Mais comment limiter notre exposition aux particules fines ? Cet été, plusieurs régions, dont l’Île-de-France et la région Paca, ont enregistré des records de pollution à l’ozone, avec pas moins de 11 pics en neufs mois pour la seule ville de Paris.
En raison du réchauffement climatique, qui favorise le maintien des particules fines dans l’atmosphère, la donne ne devrait pas changer du jour au lendemain. Mais pour limiter les risques et lutter efficacement, encore faut-il ne pas commettre d’erreur de jugement, prévient l’Agence de l’environnement, qui a répertorié les idées reçues les plus courantes concernant notre exposition à la pollution de l’air. Europe 1 vous en présente quelques-unes.
Idée reçue numéro 1 : les piétons sont plus exposés que les automobilistes
Le constat. On pourrait croire que la voiture protège des particules fines, surtout lorsque les fenêtres sont fermées. C’est faux. D'une part, les polluants des autres véhicules entrent directement dans la voiture, via les différents systèmes d’aération, et stagnent plus facilement à l’intérieur que dans une surface extérieure aérée tel que le trottoir. L’intérieur lui-même de la voiture est pollué : moquette, plastique de la portière ou revêtement du volant… la plupart des composants de la voiture contiennent des matières à fort potentiel allergisant, comme le formaldéhyde par exemple. En outre, contrairement aux piétons ou même aux cyclistes, les voitures n’ont que peu de marge de manœuvre pour s’extraire de la pollution. Dans un embouteillage, si vous êtes coincés derrière un pot d’échappement particulièrement polluant, il est difficile de vous échapper.
Le conseil. Autant que possible, il est recommandé de limiter l’usage de la voiture, surtout aux heures de pointe. En cas de nécessité, il est plutôt conseillé de garder les fenêtres ouvertes, pour faire circuler l’air.
Idée reçue numéro 2 : l’air de la campagne est forcément meilleur
Le constat. À la campagne, le trafic routier est moins dense et l’éventuelle proximité des forêts, captatrices de CO2, peut faire baisser le niveau de la pollution de l’air. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les régions où l’agriculture est intensive peuvent connaître des pics de pollution très élevés à cause du rejet dans l’atmosphère de particules fines (dues au travail des sols, à la récolte ou à la gestion des résidus agricoles), de pesticides ou d’ammoniac, un gaz acidifiant notamment produit par les élevages bovins. En outre, en fonction des aléas climatiques, les nuages de pollution peuvent se déplacer des villes vers la campagne, et contaminer ainsi tout le territoire.
Le conseil. En ville comme en campagne, soyez attentif à la qualité de l’air, en contactant de temps en temps votre votre mairie ou votre préfecture, censées avoir accès aux mesures de la qualité de l'air des environs, ou en téléchargeant une application dédiée à la mesure de la pollution, telles que "Qualité de l’air" ou "Allairgoo". N’oubliez pas qu’en cas de pic important de pollution, il est déconseillé de faire du sport de manière intensive et d’utiliser sa voiture si possible.
Idée reçue numéro 3 : on pollue moins dans les embouteillages
Le constat. Dans les embouteillages, comme nous roulons moins vite, on pourrait croire que le moteur est moins sollicité. C’est tout l’inverse : le plus souvent, les automobilistes laissent tourner le moteur plus longtemps, et le fait d’appuyer plusieurs fois sur la pédale sans jamais passer la seconde accélère le rejet de particules fines. Selon l’Ademe, une voiture consomme en moyenne deux fois plus de carburant dans les bouchons qu’en roulant à pleine vitesse, soit 16 litres tous les 100 kilomètres (16 litres/100 km).
Le conseil. Pour polluer – et consommer – moins, il est recommandé de couper son moteur au-delà d’un arrêt prolongé de plus de dix secondes.
Idée reçue numéro 4 : porter un masque est une protection efficace
Le constat. Porter un masque ou un foulard a pour avantage… de masquer un peu les odeurs de pot d’échappement, mais c’est à peu près tout. Les particules fines, précisément celles dangereuses pour la santé, sont trop fines et l’immense majorité des masques ne parvient pas à les stopper.
Le conseil. Les masques FFP ("Filtering Facepiece Particles", littéralement "pièce faciale filtrante contre les particules") de niveau 3 sont plus efficaces que la moyenne, et peuvent stopper jusqu’à 98% des particules fines. Mais ce type de masque ne s’utilise pas à la légère : cela implique d'être rasé, d'être bien certain qu’il est ajusté au visage, de le laver et le changer régulièrement… En outre, s’ils limitent l’exposition aux particules fines, ces masques ne freinent pas tous les gaz, comme l’ozone ou l’ammoniac. Il est donc conseillé de ne pas trop compter dessus quoi qu’il arrive.
Idée reçue numéro 5 : brûler des déchets verts ne polluent pas
Le constat. La fumée dégagée par l’herbe des pelouses, les branches de haies ou les feuilles mortes brûlées peut sembler moins nocive que celle des pots d’échappement. Même s’il ne s’agit pas tout à fait du même type de polluants, les substances dégagées (des oxydes d’azote, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, du monoxyde de carbone, des composés organiques volatils ou encore des dioxines) par les déchets verts sont elles aussi toxiques pour l’être humain.
Le conseil. Plusieurs solutions existent pour se débarrasser de ses déchets verts, comme faire un compost ou tout simplement les apporter en déchetterie.