Nouvelle journée de circulation alternée à Paris en raison du pic de pollution jeudi. Seules les voitures se terminant par un chiffre pair sont autorisées à rouler. Une mesure qui, si elle permet de faire baisser le taux de particules fines, ne fait pas que des gagnants. Avec une troisième journée consécutive de circulation alternée, la facture est parfois assez chère.
Une facture salée pour les transports franciliens. Pour compenser l'interdiction pour certains automobilistes d'utiliser leur voiture, les transports en commun ont été rendus gratuits. Mais ce dispositif coûte cher : 4 millions d'euros par jour. Pour le Stif, qui gère les transports en Île-de-France, la facture impactera forcément les investissements à venir.
Autres perdants : les petites entreprises. Dans les grands groupes, les salariés arrivent globalement à s'organiser mais c'est beaucoup plus compliqué pour les petites entreprises, surtout quand elles ont du matériel à transporter. C'est le cas des géomètres par exemple qui transportent entre 40 et 100 kilos de matériel par jour. Un transport impossible sans voiture. Eric Malenfert, qui dirige une société de 50 salariés à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, a dû vérifier toutes les plaques d'immatriculation de ses véhicules et revoir tout le planning des salariés.
"Le résultat c'est qu'on a des chantiers qui sont reportés", explique le chef d'entreprise. "Il y en a certains qui vont être reportés à samedi en espérant qu'on ait la possibilité de circuler et ça, on ne le sait pas encore. Je ne sais même pas si je peux réserver mes collaborateurs pour venir en astreinte samedi sachant qu'on était complètement 'charrette' jusqu'à la fin de l'année. Donc il y a des clients qui seront insatisfaits. Vous dire que c'est une catastrophe, non, ce serait exagéré par rapport aux difficultés que peut rencontrer le monde en général mais c'est une vraie difficulté."
Mais certains bénéficient de cette mesure. Les grands gagnants sont ceux qui ont le droit de rouler comme les utilisateurs de sites de covoiturage dont Blablacar qui enregistrent une hausse des réservations et du nombre de trajets proposés. Mais aussi les compagnies de VTC comme AlloCab ou Chauffeurs privés, qui notent une hausse de 25% de nouveaux clients. Les taxis sont aussi à la fête. La compagnie G7 enregistre par exemple 20% de courses en plus par jour. Une augmentation qu'Ismaël, chauffeur de taxi à Paris, a bien senti.
Un nombre de course doublé. À peine sa journée de travail commencée, il compte déjà trois clients. Mercredi, en huit heures, il a fait deux fois plus de courses que le jour précédent en 11h. Jeudi, il s'attend aussi à beaucoup d'activité mais sans stress. "À partir du moment où il n'y a pas de circulation, il n'y a pas de stress", explique Ismaël au micro d'Europe 1. "On connaît les temps de trajet, on n'a pas besoin de prendre les itinéraires bis, on n'a pas besoin de slalomer entre les files, de klaxonner... Honnêtement, ça nous permet de passer une journée beaucoup plus cool." Le but aujourd'hui pour Ismaël, battre son record de la veille et passer au-dessus des quinze courses dans la journée.