La parole est à la défense. Contacté par Europe 1 ce jeudi, la banque française BNP Paribas s'est exprimée au sujet de son assignation en justice par diverses associations. Ces dernières reprochent à l'entreprise son soutien financier à de nouveaux projets d'énergie fossile. Selon l'édition 2022 du Banking on Climate Chaos, un rapport établi par une dizaine d'ONG, BNP Paribas trône en tête du classement des banques ayant accordé des financements aux ténors du pétrole et du gaz que sont TotalEnergies, Shell ou encore BP. Le procès sera instruit par le tribunal judiciaire de Paris.
Auprès d'Europe 1, Antoine Sire, directeur de l'engagement d'entreprise chez BNP Paribas, commence par émettre quelques doutes quant à la fiabilité des données citées plus haut. "La plainte est déposée sur la base de chiffres qui sont une sorte de cumul de crédits, de différents produits financiers. C’est très difficile à vérifier, à confirmer ou à contredire car on ne sait pas vraiment ce qu’il y a dedans", estime-t-il. Et préfère mettre en avant d'autres chiffres, fournis eux par l'ONG britannique Share Action. "Cette ONG fait le classement de l’action des banques européennes en faveur du climat et BNP Paribas arrive nettement en tête. Les ONG qui nous assignent ont fait le choix de ne pas poursuivre le dialogue qu’on aurait pu engager à la suite de notre réponse car c’était notre proposition. On le regrette."
BNP Paribas promet "40 milliards d'euros de crédit" pour le renouvelable d'ici à 2030
Antoine Sire vante ensuite une démarche écologique menée par la banque française, loin des accusations portées par ces associations. "Au cours des années, on n’a pas arrêté d’adopter des politiques destinées à baisser la part du fossile et augmenter la part du renouvelable. Aujourd’hui, on est déjà à 55% d’énergies bas-carbone essentiellement renouvelables et 45% d’énergie fossile. Au rythme auquel on est lancé, en 2030, on aura plus de 80% de nos investissements qui seront sur le bas-carbone". Et s'engage à "accélérer sur le renouvelable" à hauteur de "40 milliards d'euros de crédit" d'ici à 2030.
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Enfin, le directeur de l'engagement d'entreprise chez BNP a tenu à rappeler la réalité du secteur de l'énergie, dans les années précédentes, qui justifie, selon lui, les financements octroyés par BNP Paribas. "Il est tout à fait exact qu’historiquement, nos financements à l’énergie étaient des financements à l’énergie fossile car il n’y avait que ça dans le secteur de l’énergie. Sur l’ensemble de nos crédits à l’énergie il y a une dizaine d’années, il y avait 95% d’énergie fossile et 5% d’énergie bas-carbone", reconnaît-il. Mais désormais, la banque "ne finance plus l'exploration et la production" de pétrole, assure-t-il.
Un changement de paradigme qui suscite aussi du mécontentement selon Antoine Sire. "Dans les mois précédents, plusieurs États américains ont décidé de blacklister BNP Paribas parce qu’ils ont lu nos politiques et vu qu’on allait sortir du fossile", confie-t-il. Et regrette ainsi les injonctions contradictoires, adressée à la banque française. "On est à la fois pointé du doigt par des gens qui trouvent qu’on n’en fait pas assez que par des gens qui trouvent qu’on en fait trop", résume-t-il.