"Pour la première fois, je vois la tombe de mon père." Alors que ce samedi marque les commémorations de la victoire des Alliés face à l'Allemagne nazie le 8 mai 1945 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, c'est aussi un moment rempli d'émotion pour Jean Kerélo. A 80 ans, ce fils de résistant vient récemment de découvrir la tombe de son père, un militant communiste fusillé en 1942 pour son engagement contre l'occupant. Il aura fallu 79 ans, presque toute une vie, pour que Jean Kerélo retrouve la dépouille de son père.
"Je n'ai pas connu mon père, j'avais un an quand il a été fusillé. J'avais juste (à propos de lui) une thèse sur la résistance à Dieppe, je n'avais pas autre chose", témoigne-t-il au micro d'Europe 1. "Maintenant, je sais où il est. C'est quelque chose d'important pour moi. Maintenant, je sais vraiment."
"Quand je vois cette tombe, je me dis juste 'tiens, celui-là, je n'en ai jamais entendu parler"
Cette découverte a été rendue possible grâce au travail d'un professeur d'histoire qui a identifié la tombe à Fleury-sur-Orne, près de Caen, où s'est rendu Europe 1. Nicolas Le Boulanger, professeur d'histoire et de lettres, a remarqué que le nom jusqu'ici inscrit sur la tombe, "Kérélom Marie", était en fait une erreur. "Quand je vois cette tombe chez moi un soir, je me dis juste : 'Tiens, celui-là, de un je n'en ai jamais entendu parler, de deux, il a un prénom somme toute assez curieux. Je me suis ensuite aperçu qui il était vraiment. Le fil était presque rompu et on a participé à le retisser."
En plus de retisser le fil, le professeur entend aussi le transmettre. Vendredi, il rencontrait avec ses élèves Jean Kerélo, à l'endroit même où son père était fusillé il y a 79 ans. "Soyez fiers de votre père comme il aurait été fier de vous", a-t-il dit. Les élèves ont ensuite murmuré "Le chant des partisans", chanson emblématique de la Résistance, en hommage au combat du père de Jean Kerélo pour la liberté.