Le voile a beau avoir été interdit à l'école en 2004, le sujet est encore loin d'être clos. Deux ans après l'assassinat de Samuel Paty pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet dans sa classe, l'Éducation nationale signale une hausse des signalements pour des atteintes à la laïcité. Dans un communiqué, publié le jeudi 13 octobre, le ministère a annoncé que 313 incidents ont été signalés durant le mois de septembre. 54% d'entre eux concernent le "port de signes et de tenues" religieux, dont le voile. Une véritable injustice pour les collégiens et lycéens musulmans rencontrés par Europe 1 qui ont accepté d'aborder le sujet.
"Tout le monde devrait avoir le choix de porter ce qu'il veut"
Lorsque l'on parle d'atteinte à la laïcité dans les établissements, le voile se retrouve souvent au cœur des discussions. Pourtant, "c'est vraiment injuste", selon Wassila. Pour se conformer avec la loi du 15 mars 2004, la collégienne de 14 ans en troisième dans le Nord effectue chaque matin le même rituel avant d'entrer dans son collège : retirer son voile. "C'est normal que cela me dérange. Je ne pense pas que ça fasse quelque chose aux autres si je le garde. Il est interdit puisque normalement l'école est laïque." Et c'est justement sur cette notion de laïcité que se noue le cœur de l'incompréhension chez ces jeunes.
"La laïcité est juste une question de religion", affirme ainsi Wassila, pour qui "tout le monde devrait avoir le choix de porter ce qu'il veut". Un son de cloche que l'on retrouve aussi chez les garçons. "En France, il y a un problème avec le voile puisque c'est culturel et religieux", avance de son côté Fayçal. Pis, pour ce lycéen marseillais il y a même un deux poids deux mesures entre les différentes religions à l'école. "À l'entrée des établissements scolaires, ceux qui portent le voile doivent l'enlever. Pour les croix, on ne leur demande pas parce que c'est plus difficile à voir, après je pense qu'on ne leur demanderait pas, quand bien même elles seraient plus visibles."
Pour autant, "ce n'est pas une question de racisme, mais bien les règles instaurées par la France", souligne-t-il.
Et si les jeunes concernés rencontrés par Europe 1 assurent se plier à la règle, cela n'empêche pas le sujet de faire débat. Selon un sondage Ifop, 52% des lycéens se disent favorables au port de signes religieux ostensibles dans les lycées publics, contre 25% pour le reste de la population française.