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Plusieurs universités françaises sont bloquées depuis le mois d'avril par des étudiants grévistes, en réaction à la réforme de l’entrée à l'université. 
INTERVIEW

Le vandalisme de la salle des serveurs de l'université Paul Valéry de Montpellier interroge désormais sur l'ampleur de la contestation étudiante, et la radicalisation de certains éléments. "On a l'impression aujourd'hui que la violence augmente, que les faits de dégradation augmentent. Ce qui s'est passé hier à Montpellier est inadmissible", a ainsi réagi jeudi au micro de la matinale d'Europe 1 Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents d’Université, et également président de l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée. 

Quatre universités totalement bloquées. "Dans les facs très occupées, il y a des dégâts qui se chiffrent en centaines de milliers d'euros", pointe ce responsable universitaire, qui évoque notamment des tags ou encore le bris des mobiliers éducatifs. "Aujourd'hui, on a quatre universités totalement bloquées : Montpellier, Toulouse, Rennes 2 et l'université Paris 8-Saint-Denis", liste notamment Gilles Roussel. "Ensuite, on a une dizaine d'universités dans lesquelles il y a des sites bloqués, comme Tolbiac par exemple", ajoute-t-il.

Un mouvement violent mais limité. En tout, "entre 3% et 5% du système universitaire" est actuellement paralysé, veut-il toutefois relativiser. Et alors que la période est celle des examens du second trimestre, il se dit "très confiant sur le fait qu'on arrivera à les faire passer. Mais peut-être seront-ils décalés".

Le risque d'une évacuation. En début de semaine, Georges Haddad, le président de l'université Panthéon-Sorbonne a demandé à la préfecture de police de Paris l'intervention des forces de l'ordre pour faire évacuer le site parisien Pierre Mendès France, après des violences ayant éclaté vendredi soir. Les autorités n'y ont pas donné suite, et ont indiqué dans un communiqué ne pas avoir reçu de nouvelle demande depuis. Faire le choix d'une intervention policière "est quelque chose de très compliqué, car l'université est naturellement un lieu de débat", reconnaît Gilles Roussel. "Est-ce que ça ne va pas mettre le feu aux poudres ? Est-ce que ça va être vraiment utile ? Est-ce que ça ne va pas être contre-productif ?", interroge-il. "En revanche, il arrive un moment, comme hier à Montpellier où on a eu un saccage et où trente personnes cagoulées rentrent dans l'université, où le président de l'université se doit de garantir la sécurité des biens et des personnes".

"Parcoursup fait intervenir l'humain". Les étudiants mobilisés depuis la fin du mois de mars protestent contre Parcoursup. La mise en place de ce nouveau serveur, qui accueille les vœux d'affectation des bacheliers, a entraîné une modification des conditions d'accès à l'enseignement supérieur, substituant à une distribution automatique des places, selon la hiérarchisation formulée par les futurs étudiants, des dossiers de candidature, retenus ou non par les universités elles-même. "La procédure améliore la gestion des flux", estime Gilles Roussel. "Parcoursup fait intervenir l'humain, la répartition n'est plus aléatoire. On repartit les gens sur le territoire selon un certain nombre de critères objectifs que l'on est capable d'expliquer aux familles", fait-il valoir.