La moitié de la COP 25, sommet mondial consacré au changement climatique, est déjà passée. Bertrand Piccard, aéronaute et psychiatre suisse qui a fait le tour du monde en avion solaire, est à Madrid en ce moment. Optimiste, car des solutions existent déjà, il regrette dans ce sommet, "des négociations sur des détails, des stratégies".
Vers la "croissance qualitative"
"La décroissance est une aberration et la croissance comme aujourd'hui l'est également. Ce qu'il faut, c'est une troisième voie : celle de la croissance qualitative", martèle Bertrand Piccard qui est aussi président de la fondation Solar Impulse. Ce qui consiste selon lui à créer "des emplois en remplaçant ce qui pollue avec ce qui protège l'environnement. C'est le chantier industriel du siècle [...] Isoler les bâtiments, changer les chauffages, les éclairages, les climatisations, mettre des systèmes de stockage des énergies renouvelables... C'est un marché industriel fantastique".
Mais lors de la COP 25, sommet auquel il participe jusqu'à la semaine prochaine, il semble avoir été déçu. "Ce qui me rend très pessimiste, c'est de voir que dans ces COP ce sont des négociations sur des détails, sur des stratégies. Ce ne sont pas des pays qui osent s'engager de manière très claire - à part la communauté européenne, qui est très ambitieuse", constate-t-il. "Il y a un certain nombre de pays qui ont envie d'avancer, mais il y en a beaucoup qui s'en fichent complètement. C'est vis-à-vis de ceux-là qu'il faut avoir une réglementation".
Pour sauver la planète, de nombreuses solutions existent déjà
Résultat, "les émissions carbone continuent à augmenter malgré les solutions qui existent" déjà. Mieux d'après lui, on pourrait "diviser par deux les émissions carbone aujourd'hui sans innovation technologique additionnelle. Mais il faut les utiliser, ces solutions !", poursuit l'aéronaute qui donne quelques exemples.
Côté transports, "l'hydrogène est une très bonne solution pour les longs trajets et les véhicules lourds : les grosses voitures, les trains, les péniches, peut-être les avions. C'est une manière de stocker de l'énergie dans un liquide qui ensuite restitue de l'énergie et de l'eau", précise Bertrand Piccard. "Aujourd'hui les énergies renouvelables commencent à coûter moins cher que le pétrole, moins cher que le charbon et le gaz et c'est nouveau".
En résumé selon lui, pour faire changer le monde : "Il faut que des solutions soient reconnues comme rentables. Il faut des accords internationaux ambitieux mais c'est difficile à obtenir. Donc quand les jeunes descendent dans la rue, c'est positif : il faut que la population exige des dirigeants un leadership environnemental."