La gare du Nord voit défiler vendredi de nombreux voyageurs qui tentent de rejoindre Londres avant l'entrée en vigueur d'une quatorzaine qui les ciblerait. 1:27
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Caroline Baudry, édité par Ariel Guez , modifié à
À partir de samedi matin, tout voyageur en provenance du territoire français et à destination du Royaume-Uni devra s'isoler pendant 14 jours, a annoncé Londres jeudi soir. Europe 1 est allée à la rencontre de touristes, gare du Nord, qui ont parfois dû changer tous leurs plans de vacances, déjà touchées par le coronavirus.
REPORTAGE

Dans quelques heures, une quatorzaine s'imposera pour tous les voyageurs en provenance de France et à destination du Royaume-Uni. Décision du gouvernement britannique, cette mesure sanitaire fait suite à une inquiétante recrudescence de l'épidémie de coronavirus en métropole, mais aussi dans d'autres pays visés par le Royaume-Uni, comme Monaco, les Pays-Bas, ou encore Malte. Annoncée jeudi soir, elle s'applique dès samedi à 4 heures du matin, laissant une trentaine d'heures aux voyageurs impactés pour s'adapter si besoin. Pris par surprise, beaucoup de Britanniques tentent désormais de rentrer chez eux le plus vite possible, comme a pu le constater Europe 1.

"Je pense que c'est une quarantaine complètement inutile"

Sur le quai de la gare du Nord, à Paris, Simon fulmine. "On a dû annuler deux nuits d'hôtel", explique le jeune britannique au micro d'Europe 1. "Ce matin, quand j'ai regardé internet sur mon téléphone, j'ai vu que les mesures avaient changé… Je pense que c'est une quarantaine complètement inutile", peste-t-il, alors qu'il visitait pour la première fois la capitale française.

Mais Simon n'est pas le seul à avoir dû changer tous ses plans : l'obligation d'isolement fera rater les premiers jours de rentrée scolaire aux enfants dont les familles ont prévu de rentrer la seconde partie du mois d'août. Et une chose est sûre : tous ne seront pas de retour au Royaume-Uni à temps. Eurotunnel, qui assure les navettes sous la manche, prévient qu'il n'y a plus aucun billet disponible à la vente. "Les clients ne pourront embarquer sur les navettes sans réservation valide", a tweeté la compagnie.

"On ne peut pas se permettre une quatorzaine"

Laura a également écourté son séjour en catastrophe pour rentrer avant les mesures de restriction. "Je pense que c'est nécessaire j'aurais juste aimé qu'ils l'annoncent plus tôt", confie-t-elle. "J'ai cherché un nouveau billet pendant trois heures, les prix étaient très élevés". 

Derrière elle, Donatien et Arthur, deux Français expatriés, sont arrivés en avance à la gare du Nord. Valises sous le bras, ils ne peuvent pas se permettre de rater le train. "C'est ma mère et ma sœur qui sont venues me réveiller pour me dire qu'il fallait rentrer", confie l'un d'eux. "La quatorzaine arrive et on ne peut pas se permettre avec le travail d'avoir une quatorzaine, on est obligé de rentrer". 

Les voyageurs en provenance du Royaume-uni bientôt concernés ? 

Les touristes actuellement en Grande-Bretagne pourraient aussi décider de rentrer illico presto en métropole, car Paris n'a pas du tout apprécié cette nouvelle tombée jeudi soir. Il s'agit d'"une décision britannique que nous regrettons et qui entraînera une mesure de réciprocité, en espérant un retour à la normale le plus rapidement possible", a tweeté le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune. Des voyageurs français partant vers l'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande du Nord ou le Pays de Galles pourraient donc aussi subir une quatorzaine à leur retour de Grande-Bretagne.

"L'amour des enfants est plus fort que la quarantaine"

Mais cela n’empêchera pas Caroline de maintenir son départ vendredi et d'aller voir ses enfants, qui vivent à Londres. "Si je dois rester 15 jours en quarantaine au retour, je le ferais", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Je trouve ça tout à fait normal de poser ce genre de conditions, l'amour des enfants est plus fort que la quarantaine", conclut-elle.