Désormais, la crainte en Corse est de rentrer dans un nouveau cycle de violence. Après les obsèques d'Yvan Colonna, de nouveaux incidents ont éclaté dimanche soir, à Furiani et à Ajaccio, attisant les tensions entre le continent et les nationalistes corses. Comme Étienne, ils sont nombreux à estimer que l'État porte une grave responsabilité dans la situation. "Le fossé s'est vraiment élargi. Pas avec les Français, parce que l'on respecte les gens, mais avec les institutions, l'État. Et ça va se durcir, je crois, parce qu'il y a une incompréhension et surtout, on ne maîtrise plus les jeunes."
"Tant que les choses ne bougeront pas, ça ne va pas s'arrêter"
Parmi ces jeunes, Marie. À 20 ans, elle est indépendantiste. Elle n'a pas pris part aux échauffourées de dimanche, mais justifie la violence. Elle ne croit plus aux politiques, notamment aux élus nationalistes au pouvoir sur l'île. "Pourtant, j'ai voté pour le nationalisme. Mais non, ça ne marche pas. Tant que les choses ne bougeront pas, ça ne va pas s'arrêter parce que le FLNC (Front de libération nationale corse) ne redémarre pas", a détaillé la jeune femme, prônant la lutte armée.
À côté d'elle, les yeux rougis par les gaz lacrymogènes, Alizée, 20 ans aussi, est plus modérée. "Il faut qu'il y ait des blessés pour arriver à se faire entendre. C'est triste d'en arriver là. Je pense que le combat, c'est de trouver une solution, de nous écouter et de faire en sorte qu'il y ait plus toutes ces violences. C'est à l'État de faire ça", a-t-elle ajouté.
Lors des affrontements à Furiani, entre les manifestants et les forces de l'ordre retranchés dans leur caserne, une demi-douzaine de CRS a été blessée, ainsi qu'une vingtaine de manifestants. Le 9 mars, à Bastia, Ajaccio et Calvi, les CRS avaient enregistré 23 blessés lors de manifestations aussi violentes.