1:31
  • Copié
Olivier Samain, édité par R.D , modifié à
Le gouvernement a décidé de mettre fin à l’exonération des charges patronales pour les personnes de plus de 70 ans qui emploient une aide à domicile. Les premiers concernés dénoncent cette mesure.

C’est un coup de rabot fiscal qui passe mal chez les séniors. Pour récupérer environ 300 millions d’euros d’économie, le gouvernement a décidé de mettre fin, dans le Projet de loi de finances 2020, à l’exonération des charges patronales pour les personnes âgées de plus de 70 ans qui emploient un salarié à domicile, pour le ménage ou le jardinage par exemple. Ce n’est pas une question d’âge mais une question de justice, plaide le ministère du Travail. L'exonération de la cotisation employeur, il faut la réserver aux personnes dépendantes ou en situation de handicap.

Pour les premiers concernés, c’est un coup dur. "Ça ne serait pas juste", réagit Jocelyne, une retraitée parisienne de 74 ans. "Sous prétexte qu’on n’est pas dépendant, mais quand même... A 75 ou 80 ans, on peut être fatigués, on peut avoir besoin de ces aides. Donc ça me fait un peu râler".

"Il ne faut pas que l’emploi à domicile pèse trop lourdement sur les personnes d’un certain âge"

Pierre Erbs, président de la Confédération nationale des retraités, a lui du mal à saisir la philosophie d’un tel changement. "Il s’agit d’une mesure qui est contraire à la politique générale qui est celle du maintien à domicile des personnes âgées. C’est une politique qui n’a cessé d’être réaffirmée et qui a besoin d’être encouragée par un certain nombre de mesures. Il ne faut pas que l’emploi de personnes à domicile pèse trop lourdement sur les personnes d’un certain âge", pointe-t-il. "Le fait de cibler certains introduit un hiatus entre catégories de personnes. Donc on a du mal à comprendre ça, d’autant que l’économie est quand même relativement limitée"

Cela dit, d’autres ne sont pas hostiles à un changement, avec toute de même certaines conditions. "Si la personne a une petite retraite, l’exonération, à ce moment-là, il faut la laisser. Sinon, la personne va se retrouver dans la panade. Elle ne pourra plus payer ses frais à côté", plaide ainsi Catherine, aide familiale. "De ce côté-là, c’est pas du tout juste. Il faut vraiment qu’ils réétudient tout."

Pas sûr que Catherine soit entendue. Le gouvernement rappelle que l'exonération, c'est l'une des aides, mais il y en a d'autres : le crédit d'impôt, notamment. Et lui, on n'y touche pas.