C'est, de l'aveu même des associations, un "angle mort" des défenseurs de la cause animale : y a-t-il de la maltraitance derrière les décès qui surviennent chaque année sur les courses hippiques ? Si, jusqu'à présent, il n'y avait pas de données précises à ce sujet, selon les tout premiers chiffres enfin rendus publics cette semaine par la Fédération Nationale des Courses Hippiques, 135 chevaux sont morts sur des hippodromes en 2019. Une cadence loin d'être anodine.
Des fractures liées aux courses d'obstacles
En effet, cela représente deux décès et demi par semaine, soit presqu'un tous les trois jours. Autrement dit, 1% des chevaux n'a pas franchi l'arrivée lors des courses de galop en 2019. En cause notamment, des crises cardiaques, mais surtout des fractures après des chutes lors de courses d'obstacles.
Pourtant, 15 millions d'euros ont été investis depuis 15 ans pour limiter les risques, se défend Pierre Préaud, le patron de la Fédération Nationale des Courses Hippiques : "Sur les obstacles ,on a fait faire des tests par des laboratoires spécialisés dans les études de chocs, afin de constituer des matériaux de plus en plus amortissants et souples qui garantissent, si le cheval touche l'obstacle, que le choc n'entraîne pas de lésions".
L'euthanasie, l'issue la moins coûteuse
Mais les associations animalistes dénoncent le recours à l'euthanasie après ces accidents, parfois dès les minutes qui suivent, à même la piste : "Il est très difficile, notamment dans le cas de fractures ouvertes, de rééduquer un cheval blessé, explique la vétérinaire Hélène Bourguignon. Il ne peut pas rester couché pendant des mois. Immobiliser un membre est quasi-impossible", explique-t-elle. "Et puis après, il y a l'aspect financier évidemment, puisque la convalescence peut être longue dans ce type d'accidents et les interventions peuvent être très lourdes. Malheureusement, il peut y avoir un enjeu financier pour le propriétaire".
Autrement dit, l'euthanasie est parfois l'issue la moins coûteuse. Mais la mort d'un cheval "est toujours un déchirement", assurent propriétaires et entraîneurs, qui n'apprécient pas, ces derniers jours, de passer pour des tortionnaires. "On vit tous les jours avec nos chevaux, on les aime. J'invite tous ceux qui critiquent sans connaître à venir passer une semaine avec moi", appelle l'entraineur Gabriel Leenders, propriétaire de 120 chevaux près d'Angers.