Après l'évacuation d'une centaine de toxicomanes du 18ème arrondissement de Paris vers la Seine-Saint-Denis vendredi dernier, les élus du département poussent un cri d'alarme. Ils ont participé, ce jeudi, à une réunion entre le ministère de l'Intérieur, la préfecture et les différentes municipalités concernées pour tenter de résoudre le fléau de la consommation de crack qui sévit à Paris depuis de nombreuses années.
Un nouveau camp de consommateurs de crack entre Pantin et Aubervilliers
Depuis l'évacuation des toxicomanes des jardins d’Éole, un camp de consommateurs de crack s'est installé dans un square entre Pantin et Aubervilliers, près du périphérique. Pour "protéger" les habitants d'éventuelles agressions, la préfecture de Paris a même fait ériger un mur bouchant un tunnel reliant Paris à la Seine-Saint-Denis. Une mesure qui a excédé les riverains et les élus.
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Bertrand Kern, le maire (PS) de Pantin, présent à la réunion qui s'est tenue ce jeudi, a dénoncé le manque de solution à court terme pour soulager les habitants des nuisances qu'ils subissent depuis une semaine. "L'Etat nous a présenté un bilan avec des chiffres sur la montée en puissance de l'hébergement des drogués, passé de 60 à 400 en trois ans. Mais en ce qui concerne le square Forceval, qui nous intéressait directement, aucune réponse ni de solution n'a été apportée", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1.
Une situation qui devient "urgente"
"Ce que nous dit l'Etat, c'est que la mairie de Paris va augmenter la prise en charge des consommateurs de crack. Mais dans l'immédiat, il n'y a aucune solution aux problèmes précisés pour le square", dénonce Bertrand Kern. Le maire craint la réaction des riverains déjà excédés face à cette annonce. "Les habitants vont très mal réagir. En terme de sécurité, le préfet de police nous dit qu'il y a tous les effectifs qu'il faut pour assurer la sécurité dans le quartier. Mais ce weekend, par exemple, il y a une manifestation au parc de la Villette avec des enfants. La situation devient urgente. Je pense que l'État ne prend pas conscience de la difficulté qui est la nôtre", a-t-il alerté.
37 élus s'unissent
Mardi, une trentaine d'élus de gauche comme de droite avaient publié une lettre ouverte interpellant Jean Castex. Ils y dénonçaient le "mépris" ressenti par le département de la Seine-Saint-Denis après le déplacement des toxicomanes des jardins d’Éole vers le département le plus pauvre de France métropolitaine.
"La Seine-Saint-Denis ne saurait être en permanence le lieu de concentration de toutes les difficultés en Île-de-France. Pourquoi avoir choisi cet endroit alors qu’il en existe d’autres, aux configurations similaires, dans l’Ouest parisien par exemple ? ", ont écrit les signataires.