Faut-il s'inquiéter pour la santé des enfants scolarisés à proximité de Notre-Dame de Paris ? Alors que Mediapart affirme dans une enquête que des taux de concentration de plomb dangereux ont été relevés dans des écoles autour de la cathédrale ravagée mi-avril par un incendie, la mairie de Paris et l'Agence régionale de Santé (ARS) ont indiqué que la situation ne présentait "aucun risque pour la santé des enfants".
Que dit Mediapart ?
Dans son enquête mise en ligne jeudi, Mediapart évoque "des taux de concentration au plomb, parfois dix fois supérieurs au seuil d'alerte, relevés dans des écoles proches de l'édifice". Le site accuse la mairie de de pas avoir "effectué de nettoyage en profondeur des lieux".
"Aucun risque pour la santé", répond la mairie de Paris
Lors d'une conférence de presse commune avec l'ARS Île-de-France, le sous-directeur de la santé à la mairie de Paris Arnaud Gauthier a répondu que les prélèvements effectués dans ces établissements ne justifiaient "aucune alerte". "De nouvelles mesures vont être réalisées durant l'été" ainsi qu'un "nettoyage approfondi" et "aucune crèche ou école ne rouvrira s'il y a un risque", a-t-il rassuré.
Lors d'une autre conférence de presse, le premier adjoint de la maire de Paris Emmanuel Grégoire a renchéri en affirmant que "s'il y avait le moindre risque, non seulement les écoles n'auraient pas rouvert mais ne rouvriraient pas à la rentrée".
La mairie et les autorités sanitaires ont publié les résultats des prélèvements dans trois crèches, deux écoles maternelles et trois écoles primaires. Arnaud Gauthier a affirmé que le niveau moyen dans chaque établissement ne dépassait pas un "seuil d'information" de 70 microgrammes de plomb par mètre carré. Ce plafond fixé par le Haut conseil de santé publique (HCSP) n'est pas un seuil réglementaire mais doit inciter au dépistage des populations.
L'ARS évoque une divergence de méthode
L'Agence régionale de santé évoque de son côté une différence de méthode avec Mediapart, qui ne se serait intéressé qu'à des pics à des endroits précis à un instant donné. Or, ce n'est pas comme cela que l'Agence calcule ses seuils d'alerte. "Pour un enfant, on fait une moyenne suivant ses lieux de vie quotidiens. Cette moyenne est aujourd'hui en dessous des valeurs de référence", explique au micro d'Europe 1 Aurélien Rousseau, directeur général de l'ARS Île-de-France. "Nous n'avons pas caché ou minoré. La méthode appliquée a été celle définie par le Haut conseil de santé publique", ajoute-t-il.
L'autorité sanitaire estime par ailleurs que même les relevés ponctuels les plus élevés (environ 700 µg/m2) n'étaient pas alarmants car ils restaient en deçà de 1.000 µg/m2, autre seuil, réglementaire celui-là, utilisé pour autoriser des familles avec enfants à regagner leur logement après des travaux.
Un nettoyage approfondi dans les écoles
Le nettoyage de routine prévu chaque année dans les écoles a déjà commencé et se poursuivra jusqu'au 26 juillet. Il "répond aux recommandations" des autorités sanitaires de procéder à des nettoyages "humides et réguliers", a assuré Arnaud Gauthier. Toutefois, "pour nous assurer que le risque est le plus minime possible, l'idée c'est, à l'occasion du grand ménage d'été qui est fait tous les ans dans les écoles et dans les crèches, (de) renforcer les consignes de nettoyage, avec notamment le nettoyage à haute pression des cours" de récréation, a détaillé le représentant de la ville de Paris. Ce nettoyage approfondi consistera donc à "décaper les sols, laver les murs et les mobiliers dans tous les locaux", a-t-il précisé.
Mais dans le même temps, Emmanuel Grégoire a pour sa part assuré que cette mesure était sans lien avec l'incendie. Ce nettoyage approfondi sera réalisé "comme c'est prévu tout le temps l'été", et "permettra de faire baisser probablement très sensiblement les taux moyens, qui aujourd'hui ne doivent déclencher aucune inquiétude de nature sanitaire pour les enfants qui fréquentent les établissements", a-t-il expliqué.