Les bottes de paille et les tracteurs ont été évacués des points de blocage. Après deux semaines de fronde, la grande majorité des agriculteurs a levé le camp à l'appel des principaux syndicats, globalement satisfaits des annonces gouvernementales, même s'ils restent vigilants quant à leur mise en œuvre. D'autant que la mobilisation est soutenue par près de neuf Français sur dix, comme l'a constaté Europe 1 sur le marché d'Aligre à Paris, où les commerçants sont installés ce samedi matin. Les clients arrivent et après ces quinze jours de blocage, ils font un peu plus attention à la provenance des produits qu'ils achètent.
>> LIRE AUSSI - Crise agricole : «On s'est habitués à ne jamais partir en vacances», raconte un couple d'agriculteurs retraités
Devant les stands, plusieurs clients demandent l'origine des produits qu'ils veulent consommer. Nathalie, notamment, est particulièrement consciencieuse. Elle tient à se montrer solidaire des agriculteurs français. "J'ai le choix d'acheter français ou non. Et clairement oui, je préfère acheter français parce que c'est meilleur. Je trouve qu'en France, on est vachement protégé par des lois et des réglementations hyper spécifiques et je trouve que c'est injuste d'imposer ça à nos agriculteurs français alors que ce n'est pas le cas pour tous les agriculteurs et pour tous les produits qu'on peut trouver sur le marché."
"Les gens n'ont pas d'argent"
Mais acheter français, cela coûte souvent plus cher. En cette période d'inflation, beaucoup renoncent à privilégier les produits locaux. Abdel, vendeur de fruits et légumes sur le marché, le constate tous les week-ends. "La marchandise française coûte cher : un kilo de tomates françaises, ça vaut 4 euros, un kilo de tomates belges ou marocaines, ça vaut 2 euros. Il y a une différence. Les gens n'ont pas d'argent : tu touches un salaire de 1.200, 1.300 euros, tu as un loyer à payer... il ne te reste rien."
Comme beaucoup de commerçants au marché d'Aligre, Abdel se dit solidaire de l'agriculture française mais n'a d'autre choix que de privilégier les produits étrangers sur son étalage, moins chers et plus rentables.