Cyclone Chido : pourquoi est-il si difficile de venir en aide aux sinistrés de Mayotte ?
Après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, l'archipel de l'océan Indien est en manque de tout et les habitants s'alarment de la situation sanitaire qui se dégrade. Mais l'acheminement de l'aide reste complexe avec l'aéroport endommagé, les routes coupées et les communications interrompues.
Trois jours après le passage du cyclone Chido d'une intensité exceptionnelle jamais mesurée depuis 1934, les dégâts sur l'île sont considérables. Sur place, les habitants manquent de tout et s'alarment d'une situation sanitaire qui se dégrade de jour en jour. Si le bilan humain est délicat à établir à date, 21 personnes sont décédées, 45 sont blessées en urgence absolue et 1.373 sont blessées en urgence relative, selon le dernier point de situation.
Dans ces conditions, le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé l'arrivée "dans les prochains jours" de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1.600 gendarmes et policiers présents sur l'archipel. Mais plusieurs facteurs rendent l'aide humanitaire particulièrement difficile à mettre en œuvre.
L'aéroport fonctionne en "mode dégradé"
La tour de contrôle de l'aéroport a été détruite. Les vols commerciaux ont été annulés et seuls des avions militaires ou civils opérant en mode dégradé et uniquement de jour peuvent s'y poser, ce qui complique l'acheminement d'aide humanitaire. Les moyens de signalétique nocturne sont hors service mais seront rapidement opérationnels, a assuré le ministère de l'Intérieur ce mardi.
Les axes routiers endommagés
Les routes ont aussi subi des dommages considérables, rendant l'accès aux zones sinistrées très compliqué. Des chutes d'arbres et des débris divers sont en cours de déblaiement et entre 70 et 75% du réseau routier départemental et national est désormais dégagé. Le cyclone a plutôt épargné le port de Mayotte, à l'exception de la circulation des barges entre Petite-Terre et Grande-Terre qui est au ralenti. Trois barges sur cinq feront l'aller-retour mercredi entre les deux principales îles de Mayotte.
Un pont aérien à plus de 1.400 km
Pour acheminer du matériel et des renforts médicaux, un pont aérien et maritime a été déployé lundi matin depuis La Réunion. Mais se situant à plus de 1.400 km, et séparé par Madagascar, il faut compter 3h15 de vol pour rejoindre Mayotte.
Passer par la mer est donc une autre option, mais la situation en mer, avec des creux de sept mètres et des rafales de vent à plus de 200 km/h, rend la navigation périlleuse, d'autant qu'il faut compter entre deux et trois jours pour rejoindre l'archipel.
Les communications coupées
L'archipel a été balayé par de fortes pluies et surtout par des vents d'une grande puissance plongeant le département le plus pauvre de France dans le chaos, sans électricité et moyens de communication. Ce mardi, le réseau de téléphonie mobile est toujours indisponible à 80%.
L'électricité, coupée depuis le passage du cyclone, est en cours de rétablissement mais il faudra attendre le début de la semaine prochaine pour qu'au moins 50% de la population ait accès à l'électricité grâce à un cargo qui arrivera jeudi avec du matériel.