Dans une boucherie parisienne, derrière son étal, Lucie prépare un filet de veau. "Dès qu'il y a un nouveau client on s'en rend compte, parce qu'il me dit : 'ah une femme'", lâche la jeune femme de 23 ans. Elles sont rares à ce poste mais, bonne nouvelle, cela est en train de changer. Pour preuve, la finale du concours national des meilleurs apprentis de France, catégorie charcutier-traiteur, compte deux femmes parmi les 20 concurrents.
Pourtant, Lucie ne comprend pas pourquoi la profession n'attire pas plus de femmes. "On peut tous faire le métier, ce n'est pas si difficile que ça de prendre une carcasse et de la désosser correctement", dit-elle, d'un air légèrement agacé. La profession n'est plus aussi physique qu'avant, "c'est ce qui laisse la place aux femmes", selon elle.
"Faire changer la vision du boucher un peu beauf"
Pour elle, il n'est pas question d'avoir un traitement de faveur, elle veut être "comme les autres". Alors en arrivant dans l'entreprise, elle a eu une conversation franche avec son employeur. "S'il a quelque chose à me dire sur mon comportement ou sur mon travail, il me le dit", lâche-t-elle. "Si jamais on est trop chouchouté par le patron, les gens vont se dire que je suis valorisée parce que je suis une femme".
La féminisation du métier semble même être encouragée par cette nouvelle génération de bouchers. "Je ne vais pas faire de blague lourde auprès d'une fille, j'ai du respect", lance Enzo, le collègue de Lucie. "Elles sont les bienvenues et il y a aucun problème pour bosser", poursuit le jeune homme de 22 ans. Pour lui, cela peut même "faire changer la vision du boucher un peu beauf, un peu ancien". Mais ce changement prend du temps. Dans la classe de Lucie, sur 40 apprentis, Lucie est la seule et unique femme.