On vous a souvent parlé des déserts médicaux. Les agriculteurs rencontrent le même problème. C’est de plus en plus difficile de trouver un vétérinaire pour soigner les bêtes. Au niveau national, - 15 % de vétérinaires ruraux entre 2013 et 2016, alors que le nombre de vétérinaires lui augmente. Europe 1 a suivi la tournée d'un vétérinaire rural, à Verneuil-sur-Avre, dans l'Eure.
"C’était beaucoup plus facile dans les années 80-90". Dans l'étable, le petit veau tient à peine sur ses pattes. Son état préoccupe Jean-François, le vétérinaire est déjà venu l'ausculter hier : "il est faible là non ? Il est à 38 degrés. Il a tété un peu tout de même ?" Son expertise est indispensable pour Raoul. Cet éleveur de bovins s’estime chanceux d’avoir un vétérinaire disponible à proximité pour gérer ce type d’urgence : "cela devient très compliqué et on se pose des questions pour l’avenir. Si on n’a plus de vétérinaires, on ne peut plus continuer l’élevage. C’était beaucoup plus facile dans les années 80-90. Les vétérinaires étaient beaucoup plus disponibles et on s’était habitué à cette méthode de vie".
"La semaine du vétérinaire, c’est 168 heures". Pas le temps de s’attarder. Jean François est attendu dans une autre exploitation à 30 km d’ici. A son programme, quatre visites en une matinée, chez des éleveurs qui peinent à régler les 50 euros de la consultation. Autant de contraintes qui découragent les jeunes diplômés de se lancer dans le rural : "il faut une astreinte, 24h/24, 7/7. La semaine du vétérinaire, ce n’est pas 35h, ce n’est pas 40h, c’est 168 heures. On gagne plus facilement sa vie avec des chiens et des chats, car il n’y a pas de déplacement, on ne compte pas les heures". Et, face à la pénurie de vétérinaires Jean François est même obligé de former les éleveurs comme des élèves infirmiers pour qu’ils puissent se débrouiller par eux-mêmes en cas d’urgence.