Mediapart assure mardi avoir remis sept enregistrements aux juges d’instruction qui enquêtent sur les violences du 1er-Mai impliquant Alexandre Benalla. Si six de ces extraits sonores avaient déjà été diffusés par le site internet la semaine passée, un septième, inédit, contient de nouvelles révélations. Dans cet enregistrement, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron et Vincent Crase, ex-employé de LREM et gendarme réserviste, parlent de détruire des preuves.
"On efface tout à chaque fois". Cette rencontre s’est déroulée le 26 juillet 2018, après leur mise en examen pour les violences du 1er-Mai. Les deux hommes, qui ont pourtant interdiction d’entrer en contact en vertu de leur contrôle judiciaire, regardent à la télévision l’audition devant la commission d’enquête sénatoriale d’Alain Gibelin, le directeur de l’ordre public à la préfecture de police de Paris.
"Et on efface tout à chaque fois. T’as effacé tout ce qu’il y avait dans ton téléphone ?" demande Alexandre Benalla. "Bah, tout ce qui concerne Velours", répond Vincent Crase au sujet de Velours, une entreprise de sécurité à qui sa société Mars a sous-traité un contrat conclu avec un oligarque russe proche de Vladimir Poutine. "Chez les flics, ils ont pas pu regarder mon téléphone parce que je l’éteignais et je le rallumais à chaque fois. Ils n’ont pas mon code hein. Les trois flics n’étaient pas contre moi, loin de là même. Le major qui a tenu l’enquête me disait que ça le faisait vraiment chier de faire ça", poursuit Crase.
Des brouillons dans les mails. Par la suite, Alexandre Benalla et Vincent Crase évoquent également la possibilité de "faire le ménage" dans les locaux de la République en marche, poursuit Mediapart. "Apparemment, y a une perquiz (perquisition, ndlr) ouais. Bah, toutes mes affaires sont là. J’essaierais bien d’y aller cette nuit, mais le problème c’est qu’il y a des flics devant", déclare Vincent Crase, ancien employé de LREM.
Les deux hommes ont également songé à continuer à s’entretenir en toute discrétion en se servant des pages brouillons d’une boîte mail, selon les informations du site internet. Alexandre Benalla et Vincent Crase avaient pourtant interdiction de se rencontrer en vertu de leur contrôle judiciaire. Ils risquent tous deux la détention provisoire s’ils l’ont effectivement violé.
Une perquisition polémique.Le parquet de Paris a tenté de perquisitionner Mediapart lundi, après la diffusion la semaine passée d'une conversation entre l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron et Vincent Crase, suscitant la polémique. Le site d’information s’est opposé à cette perquisition, dénonçant "un acte violent et rarissime".
Cette nouvelle enquête a été ouverte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception de télécommunications ou de conversations", autrement dit sur les conditions dans lesquelles cet enregistrement a été réalisé.