L'exécutif contre-attaque : trois jours après l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, Gérald Darmanin a indiqué lundi matin sur Europe 1 que "51 structures associatives verront toute la semaine un certain nombre de visites des services de l'État". Il a aussi affirmé sa volonté de voir dissous le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Au micro d'Europe 1, son ancien directeur, Marwan Muhammad, réplique.
Le rôle du CCIF fantasmé ?
"Voilà une association qui a été manifestement impliquée puisque le père qui a lancé une fatwa contre ce professeur fait référence très clairement à cette association", a avancé le ministre de l'Intérieur, lundi matin. "La mise en cause du CCIF ne correspond ni à une réalité factuelle, ni à une réalité juridique, mais vraiment à une volonté politique", lui répond Marwan Muhammad, toujours adhérent de cette association créée en 2003.
"Sur ce dossier spécifique, le CCIF n'était pas intervenu ni juridiquement, ni en communication avec l'établissement, ni en encourageant ou en diffusant des contenus", poursuit l'ancien responsable. "Mais, plus encore, lorsque le papa incriminé a contacté le standard du CCIF, avant même de prendre en compte son témoignage ou sa saisine, les personnels du CCIF lui ont demandé de retirer sa vidéo."
Sur Twitter, le CCIF a annoncé "saisir la justice" sur des "propos diffamants" qui l'ont visé depuis vendredi.
La "respectabilité" de la structure
Le deuxième point sur lequel Marwan Muhammad veut contrer le souhait de l'exécutif est le rôle joué par le CCIF auprès des musulmans. "Le CCIF bénéficie du statut spécial consultatif auprès de l'ONU et est régulièrement consulté par la CNCDH (la Commission nationale consultative des droits de l'homme, ndlr) en France. Il a des relations de travail avec le Défenseur des droits." Marwan Muhammad pointe le "décalage total entre la respectabilité du CCIF au niveau international, son utilité et le tableau qui en est dressé sur le plan politique" en France.
Enfin, l'ancien responsable associatif estime que la dissolution de la structure sera complexe : "Sur une base juridique factuelle, ça va être très compliqué de dissoudre une association dont le principal travail est de faire valoir des droits et de préserver les libertés fondamentales de nos concitoyens musulmans", conclut-il.