Édith Greffier, une retraitée du territoire de Belfort, est morte le 14 septembre dernier d'un infarctus malgré cinq appels pressants de sa famille au 15. La famille a engagé des poursuites pour "homicide involontaire", dénonçant les délais et conditions d'intervention. "Il faut enquêter globalement, savoir quels étaient les délais, quels étaient les signes", a réagi sur Europe 1 le docteur François Braun, président de Samu-Urgences de France.
Le déroulé des faits
Ce samedi 14 septembre, au domicile d'Édith Greffier à La Chapelle-sous-Chaux, dans le Territoire de Belfort, tout s'est passé en à peine une heure. Après un déjeuner de famille, Anne-Sophie Forni-Greffier, la fille de la victime de 62 ans, s'inquiète. Sa mère, atteinte d'hypertension, ne se sent pas bien. Sa fille se montre très prudente et appelle le 15 à 15h22 en expliquant les symptômes de sa mère : "sueurs, douleur persistante au bras gauche, difficulté à respirer".
Une ambulance est envoyée mais rapidement l'état de la sexagénaire se dégrade. Anne-Sophie Forni-Greffier appelle une deuxième puis une troisième fois le 15 à 15h52. Le 15 décide alors de "déclencher le SMUR (Service Mobile d'Urgence et de Réanimation, ndlr) à 15H55", a précisé à l'AFP le CHU de Besançon.
Sa mère arrête de respirer. Sa famille entame alors un massage cardiaque. Les ambulanciers, arrivés en ambulance privée à 15h59 prennent le relais. Des ambulanciers qui "n'avaient même pas été prévenus par le 15 que ma mère était en arrêt cardiaque", s'indigne la fille de la victime.
Le mari de la victime appelle à son tour le Samu. Il est un peu plus de 16 heures. Il leur dit clairement : "Si elle décède, ce sera de votre faute". L'équipe d'urgence n'arrivera, elle, qu'à 16h17, soit près d'une heure après le premier appel. Édith Greffier décédera au centre hospitalier de Belfort-Montbéliard d'un infarctus.
La fille de la victime remet en cause "le défaut de diagnostic"
Dès le début, sa fille pensait pourtant avoir été très claire. "On ne remet pas en cause le respect de la procédure mais le défaut de diagnostic au vu des éléments précis et clairs que je leur ai donnés", a-t-elle confié à Europe 1. "Je remets en cause les moyens inadaptés par le Samu pour essayer de sauver ma maman. Je crois que c'est un problème qui va devenir assez récurrent par rapport aux problèmes que rencontrent les hôpitaux actuellement", a ajouté Anne-Sophie Forni-Greffier.
Le centre hospitalier régional universitaire de Besançon, responsable du 15, a répondu avoir suivi la procédure et qu'une enquête interne était en cours.
"L'expertise dira si le médecin avait raison ou pas"
"Il y a des réponses à apporter à cette famille, qui légitimement s'interroge sur ce qui s'est passé", a affirmé François Braun à Europe 1. Lors du premier appel, "le médecin n'a pas évalué qu'il y avait des éléments de gravité. L'expertise dira s'il avait raison ou pas", a également commenté le président de Samu-Urgences de France.
"Il a engagé immédiatement une ambulance et lors de l'appel suivant où on lui a fait part de la perte de conscience et de toute évidence un arrêt cardiaque, il a immédiatement engagé une équipe SMUR, c'est-à-dire une équipe de réanimation mais qui malheureusement est loin parce que l'hôpital est loin, comme encore beaucoup trop de nos concitoyens qui sont trop loin de nos bases de service mobile d'urgence et de réanimation", a-t-il ajouté.
Quant à savoir si cela aurait changé quelque chose si les urgentistes étaient arrivés plus tôt, François Braun reste prudent : "C'est très difficile de dire si ça aurait changé quelque chose ou pas. D'où l'intérêt de cette enquête."
Cette plainte est la dernière en date d'une série de procédures visant le Samu, après le tollé causé par la mort fin 2017 aux urgences de Strasbourg de Naomi Musenga : cette jeune femme de 22 ans avait été raillée au téléphone par une opératrice du Samu alors qu'elle agonisait. D'autres procédures ont ensuite été engagées à Nancy, Colmar et Mulhouse.