La Corse est confrontée à "une situation de crise aiguë" en matière de déchets, alors que les deux centres d'enfouissement de l'île sont bloqués depuis plusieurs jours, a déclaré jeudi le président du conseil exécutif de l'île.
Un problème lancinant en Corse. L'île a hérité "de décennies de non gestion et de non choix, qui se sont faits au détriment de l'intérêt général et qui ont profité à l'intérêt privé", a dénoncé l'autonomiste Gilles Simeoni, interrogé à l'Assemblée de Corse. Il a en particulier dénoncé la priorité donnée par le passé au "tout enfouissement au mépris des atteintes environnementales". Le traitement des déchets est un problème lancinant en Corse depuis une vingtaine d'années et le spectre d'une crise pointe à chaque début de saison touristique notamment depuis la fermeture, en 2015, du plus gros site d'enfouissement de l'île, à Tallone, en Haute-Corse.
Les deux derniers centres d'enfouissement bloqués. En avril 2017, le site de Vico, en Corse-du-Sud, a fermé, et il reste plus que deux centres d'enfouissement techniques (CET) dans l'île, à Viggianello, en Corse-du-Sud, bloqué depuis lundi, et Prunelli di Fium'Orbu, en Haute-Corse, bloqué depuis mercredi. Du fait de ces blocages, les collectes sont suspendues ou très réduites dans de nombreuses communes insulaires.
Le préfet souligne "l'urgence" d'un dialogue. Devant l'Assemblée de Corse, Gilles Simeoni a rappelé le plan de gestion de déchets adopté en mai 2016, concentré sur le moyen et long terme avec le développement du tri à la source, et la création de deux centres de tri "multifonctions" près d'Ajaccio et Bastia, dont les agglomérations produisent 75% des ordures ménagères de l'île. Interrogée, la préfecture a de son côté déploré "une situation de blocage prévisible en l'absence de solution et de perspectives claires" sur les déchets, renvoyant la balle à la collectivité de Corse, compétente en ce domaine. "Je n'envisage pas de mesures de coercition pour débloquer les sites, car la solution à la crise ne réside pas dans de telles mesures", ajoute le préfet Bernard Schmeltz, qui souligne "l'urgence" d'un dialogue avec les riverains.