Une facture astronomique. Après la polémique sur le coût de l'EPR (réacteur pressurisé européen) de Fessenheim, voici l'autre chantier qui "dérape" en France : le centre de stockage de déchets radioactifs en construction dans la Meuse, à Bure. Son coût avait été estimé à 15 milliards d'euros en 2005. Mais aujourd'hui, l'Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), en charge du chantier, estime qu'il en coûtera plus du double, soit 34,5 milliards d'euros.
Un projet pharaonique. Pourquoi un tel écart ? D'abord parce que le coût du projet à l'origine a été très largement sous-estimé, alors que le chantier est aujourd'hui pharaonique. Il s'agit d'enfouir 80.000 mètres cube de déchets hautement radioactifs à 500 mètres de profondeur. Il faut notamment construire des galeries souterraines plus longues, des cylindres d'acier plus grands et 250 kilomètres de tunnels. Ce site doit être exploité ensuite pendant 100 ans.
"Le nucléaire pas cher, c'est terminé". Le problème, c'est que le chiffre d'environ 35 milliards d'euros n'est pas arrêté et que le chantier pourrait coûter plus cher encore. "Aujourd'hui, ils ont été obligés de prendre en compte des choses beaucoup plus réalistes", explique Yannick Rousselet, chargé de la campagne nucléaire pour Greenpeace. "Bien évidemment, on est persuadés que ça augmentera encore. Donc le nucléaire pas cher, c'est terminé. C'était un mythe, déjà dans le passé. Mais clairement, aujourd'hui, la vérité des coûts est sur la table et on s'aperçoit bien que cette énergie va coûter extrêmement cher au contribuable", s'indigne-t-il.
L'Autorité de sûreté nucléaire estime également que ce chiffre de près de 35 milliards est largement sous-évalué. Sur le site de Bure, dans la Meuse, plusieurs associations continuent de s'opposer à ce qu'elles appellent un "cimetière radioactif". Le projet reste en cours, et le stockage des déchets nucléaires pourrait commencer en 2025, dans moins de dix ans.