Jeudi sort Le consentement, de Vanessa Springora, et rarement un livre aura autant fait parler avant même sa sortie. Car c’est dans cet ouvrage que l’actuelle directrice des éditions Julliard raconte sa relation, au milieu des années 1980, avec Gabriel Matzneff, alors qu’elle n’avait que 14 ans et lui 50. Depuis, l’écrivain, qui n’a jamais caché ses penchants pédophiles, dans ses livres et dans ses interviews, est au cœur d’un controverse qui secoue le monde de l’édition.
Parmi les maisons d’édition qui ont publié des œuvres de Gabriel Matzneff se trouve La Table ronde, dirigée entre 1992 et 2007 par Denis Tillinac, ami de l’écrivain. Mais malgré cette proximité, l’éditeur, invité jeudi matin sur Europe 1, a refusé de publier certains ouvrages.
"Il y avait cette espèce de complaisance érotico-pédo-truc qui ne me plaisait pas"
"J’ai passé l’âge de faire la morale aux gens. C’était un auteur de la maison bien avant que je devienne patron de La Table Ronde. Et ça l’est resté. Simplement, j’ai refusé de publier ses carnets intimes, parce que justement il y avait cette espèce de complaisance, comme ça, érotico-pédo-truc qui ne me plaisait pas", explique-t-il à Europe 1. "Je ne pouvais pas être éditeur de ça. Je voulais être éditeur d’un bon écrivain qui était surtout un bon essayiste et un romancier. Donc j’ai publié des romans où il n’y a que des adultes."
"Je l’aime bien lui. C’est un être fragile ambivalent"
"Il faut se demander surtout pourquoi on publiait ça avant, sans que ça pose problème à personne", poursuit Denis Tillinac. "On est dans un phénomène de société. Il y a comme ça un espèce de puritanisme qui arrive des Etats-Unis. J’y adhère pas, mais je ne voulais pas publier ça. Donc je ne l’ai pas fait."
Pour autant, l’éditeur assume sa proximité avec Gabriel Matzneff. "Je l’aime bien lui. C’est un être fragile, ambivalent, il le savait bien que les gosses, ça ne me plaît pas", assure-t-il. "Peut-être parce que je suis père de famille. Et grand-père même."