Les yeux rougis, Sarah, une collégienne, dépose une rose devant son établissement en hommage à son ami disparu. Cet ami, c'est Shemseddine, cet adolescent de 15 ans lynché à mort à la sortie des cours jeudi dernier à Viry-Châtillon dans l'Essonne. Ses obsèques auront lieu ce mardi. Dans cette affaire, quatre jeunes sont derrière les barreaux, dont les deux frères d'une jeune fille de 15 ans. Ils auraient organisé ce passage à tabac pour protéger la réputation de leur petite sœur. Insuffisant pour gommer le traumatisme des amis du jeune homme, encore choqués par la barbarie dont il a été victime.
"Je me dis 'mais comment ils ont pu le frapper avec leurs poings jusqu'à ce qu'ils meurent ?' Il a dû beaucoup souffrir avant de mourir, c'est pour ça que ça me touche. Depuis vendredi, je ne suis pas bien, je pense tout le temps à ça", témoigne Sarah. Sur sa trottinette, Martin, élève de sixième et proche de la victime, se dit encore très secoué par l'annonce du décès. "On était très proches. J'ai beaucoup pleuré pendant deux ou trois jours. C'était une histoire d'amour, je ne comprends pas comment on peut tuer des gens juste pour ça."
"Ça me fait mal au cœur de savoir qu'il est mort pour ça"
Un peu plus loin, Nélia est en colère. La raison supposée du drame, à savoir des messages échangés entre la victime et la sœur des assaillants, lui est insupportable. "À chaque fois qu'il y aura un problème avec un garçon, il faudra aller l'attendre et le tuer ? Ce n'est pas une raison et ça me fait mal au cœur de savoir qu'il est mort pour ça". Pour Elisa, la perte de son camarade Shemseddine est invraisemblable. "Je n'arrive pas à me dire qu'il est vraiment mort... Pour moi, il va revenir", confie-t-elle au micro d'Europe 1. Mais elle doit se résoudre à affronter la réalité, poursuit-elle.
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Sur ce trottoir, de nombreux passants s'arrêtent et regardent le parterre de fleurs. Alina, une voisine, se dit inquiète pour son fils qui doit bientôt être scolarisé dans la ville. "Je pense à l'avenir de mon fils. On doit bientôt faire notre choix, donc on a peur qu'il soit mauvais. C'est devenu fou ici, on ne sait pas à quoi s'attendre". Dans une commune où l'émotion est toujours vive, tous attendent les obsèques de mardi, ainsi que la marche blanche pour dire au revoir une dernière fois à Shemseddine.