Avoir un rendez-vous avec un ophtalmologiste relève parfois de l'exploit, surtout dans les plus petites communes situées dans les déserts médicaux. Pour consulter, il faut généralement attendre deux à trois mois selon les régions. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les délais peuvent même atteindre un an.
"Je suis arrivé à 3h30". A Aire-sur-la-Lys, près de Saint-Omer, l'ophtalmologiste consulte sans rendez-vous le vendredi. Et les besoins sont tels que, pour être surs de voir le spécialiste, les patients se présentent dès l'aube. "Je suis arrivé ce matin, il était 3h30", confie un jeune homme. "Comme on m'a dit qu'il fallait vraiment arriver de bonne heure, je n'ai pas trop le choix."
Six mois à un an d'attente. Peu avant six heures, une vingtaine de patients fait déjà la queue devant la porte du cabinet. "Comme ma vue a baissé, je n'avais pas le choix. Sinon, on a rendez-vous assez tard", explique une patiente. Car c'est là que se situe le nœud du problème. "C'est six à huit mois d'attente pour une consultation, pour ne pas dire un an. C'est abusé", s'indigne un autre patient. "Ce n'est pas toujours évident de prendre un rendez-vous huit mois avant", continue une autre dame. "J'en ai pris un il n'y a pas longtemps, et je n'ai pas pu l'honorer. Donc voilà, on se lève tôt."
Désert ophtalmologique. En fait, les délais d'attente pour les rendez-vous chez les spécialistes de la région sont une conséquence directe de la pénurie d'ophtalmologistes dans le Nord-Pas-de-Calais. "Ce qui est dommage, c'est qu'il parait que le médecin va prendre sa retraite", s'inquiète-t-on. "On va aller où ? Dans la région, c'est affreux".
S'il n'a pas souhaité s'exprimer publiquement, le secrétariat d'ophtalmologiste d'Aire-sur-la-Lys avoue être un peu dépassé par le succès de ces consultations sans rendez-vous. Mais le fait est qu'elles répondent à un réel besoin.