Les syndicats de surveillants appellent à un blocage total des prisons lundi après l'agression de trois des leurs par un détenu islamiste la semaine dernière à la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. "Comment envisager la situation autrement ? Aujourd'hui on est face à une administration qui fait la sourde oreille. On a un problème majeur en France, dans les prisons, qui est la gestion des détenus terroristes. Majeur, non pas par le nombre de détenus, mais par la spécificité de la prise en charge et la violence", a commenté mercredi matin Fabrice Begon, secrétaire national du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA, invité d'Europe 1 Bonjour.
Défaillances de sécurité. Les surveillants réclament notamment la démission du chef d'établissement de Vendin-le-Vieil, dénonçant sa gestion de la sécurité au sein de la prison. "C'est une première en France. Pourquoi ? Parce qu'il y a eu des décisions prises dans la prison qui ont largement contribué à l'agression des personnels de surveillance sur la coursive, lors de l'ouverture de la porte. Il faut aujourd'hui assumer", explique Fabrice Begon. "La levée de certaines mesures de sécurité a contribué à l'agression. Nous avons demandé, comme préalable, la suspension ou le retrait du chef de l'établissement, puisqu'il est à l'origine de cette mesure", pointe-t-il.
Vers un boycott de la ministre ? Aux yeux des représentants des personnels pénitentiaires, cet accident trahit une problématique nationale. "On est malheureusement les victimes du système d'un directeur incapable - je le répète et j'assume mes paroles -, mais dans toutes les prisons de France on a des victimes qui sont les surveillants pénitentiaires. On n'est pas payés pour être des victimes de débiles mentaux, d'agresseurs qui font seulement ça pour leur intérêt. Ça crée un mouvement de violence, il faut dire stop !", martèle auprès d'Europe 1 Grégory Strempeck, le responsable UFAP de la prison de Vendin-le-Vieil. Le personnel de l’établissent compte maintenir le blocage tant qu'il n'a pas obtenu gain de cause, et envisage même de boycotter la visite de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, dont une visite sur place est prévue mardi matin.
Un manque de place."Depuis plusieurs mois nous alertons le gouvernement, nous alertons l'administration sur la problématique de la prise en charge [des détenus radicalisés, ndlr], rien ne se passe, aucune décision n'est prise en compte sérieusement", déplore encore Fabrice Begon, pour qui les 300 places dédiées aux détenus radicalisés ou terroristes, dans le cadre des "quartiers d'évaluation de la radicalisation", ne suffisent plus. "Il y a aujourd'hui plus de 500 détenus référencés qui sont liés au terrorisme, on en attend encore 700 qui doivent revenir des lieux de combats. Comment accueillir 1.000 personnes dans 300 places ?, interroge le syndicaliste.
La transfert de Salah Abdeslam pose question. Et l'inquiétude est d'autant plus grande que la prison de Vendin-le-Vieil doit accueillir Salah Abdeslam dans quelques semaines. "Gros point d'interrogation au vue de ce qui s'est passé à Vendin-le Vieil depuis l'ouverture de l'établissement. Cela fait trois ans qu'il est ouvert, on est déjà au troisième gros problème. Comment on va faire ?", interroge ce responsable. "Vendin-le Vieil, c'est, pour le quartier maison centrale, à peine 50% du taux d'occupation. Il y a la moitié des places qui sont libres,. Est-ce que ça a empêché l'agression ? Non. Tout n'est pas qu'une question de place. Ça dépend de la typologie des établissements et de la population pénale. […] Aujourd'hui, dans les quartiers comme les maisons centrales, on est plus sur la nécessité de profiler et de mettre les moyens qui vont avec : moyens humains, matériels et architecturaux", martèle-t-il.