L'intersyndicale remet le couvert ce mardi. Après le succès des manifestations des 19 et 31 janvier, les opposants à la réforme des retraites ont à nouveau battu le pavé ce mardi 7 février partout en France. Une nouvelle journée de mobilisation qui s'est accompagnée de perturbations dans le secteur des transports mais aussi dans les écoles et les raffineries.
Les principales informations :
- Le taux de gréviste chez la SNCF atteint les 25% ce mardi, contre 36% la semaine dernière
- Il y avait 36,9% de grévistes parmi les salariés d'EDF mardi, contre 46,5% lors de la précédente journée de mobilisation, le 31 janvier
- Quelque 757.000 personnes ont défilé mardi en France contre la réforme des retraites, dont 57.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur
- Le taux d'enseignants grévistes s'élève à 14,17%
- Quelques débordements ont été recensés au terme de cette troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Des grèves plus dures pour Philippe Martinez
Le leader de la CGT Philippe Martinez a appelé à des grèves "plus dures, plus massives, plus nombreuses", "si le gouvernement persiste à ne pas écouter". "Le premier responsable c'est le président de la République parce qu'il en fait une affaire personnelle. Quand il décide quelque chose, il va jusqu'au bout, c'est dangereux", a-t-il averti plus tard sur BFMTV.
Quelques interpellations en France
Quelques débordements ont été recensés au terme de cette troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Huit interpellations ont eu lieu à Rennes et 17 à Paris, notamment dans le secteur de la Place de la République en raison de jets de projectiles.
757.000 manifestants partout en France, 2 millions selon la CGT
Quelque 757.000 personnes ont défilé mardi en France contre la réforme des retraites, dont 57.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, des chiffres en baisse par rapport aux 19 et 31 janvier où les autorités avaient recensé respectivement 1,12 et 1,272 million de manifestants au niveau national. Selon la CGT, "près de deux millions" de personnes ont manifesté mardi en France, dont 400.000 à Paris. Le cabinet Occurrence, qui a réalisé un comptage pour un collectif de médias dont l'AFP, a lui dénombré 60.000 manifestants dans la capitale.
36,9% de grévistes chez EDF ce mardi, un chiffre en nette baisse
Il y avait 36,9% de grévistes parmi les salariés d'EDF mardi, contre 46,5% lors de la précédente journée de mobilisation, le 31 janvier, contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, selon des chiffres de fin de journée publiés par la direction du groupe. Le mouvement social a par ailleurs entraîné des baisses de production importantes dans les centrales électriques, qui ont atteint 6.160 MW en fin de journée, soit l'équivalent de six réacteurs nucléaires. La CGT de son côté, principal syndicat dans l'énergie, revendique "entre 45 et 70%" de grévistes dans les entreprises du secteur, a indiqué à l'AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-Energie, sans donner de chiffre précis pour EDF.
Selon lui, des "baisses de participation au mouvement étaient attendues du fait des vacances scolaires, et ne sont pas significatives du degré de mobilisation" des salariés. "Le mouvement est particulièrement suivi chez les agents qui pilotent les centrales nucléaires, avec des taux de 100% sur plusieurs sites", a ajouté Fabrice Coudour. Les baisses de production de plus de 6.000 MW mardi ont "mis sous contrainte le réseau électrique" français, obligeant "à acheter à l'étranger ou à arrêter d'exporter" de l'électricité, sans nuire aux usagers, a-t-il souligné.
653.000 manifestants recensés à 16h
Des sources policières indiquent que 653.000 personnes manifestaient contre la réforme des retraites ce mardi à 16 heures dans toute la France.
Accrochages entre policiers et manifestants à l'issue du défilé à Rennes
Des heurts ont opposé mardi après-midi à Rennes des manifestants et les forces de l'ordre à l'issue du défilé organisé pour protester contre le projet de réforme des retraites, a-t-on appris de sources concordantes. 13 personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture dans un communiqué. Peu après la fin officielle de la manifestation qui s'était déroulée dans le calme, à l'arrivée du cortège sur la place de Bretagne, un groupe de manifestants, de "quelque 200 individus" selon la préfecture, a tardé à se disperser et a entamé un face à face avec les forces de l'ordre déployées sur place, comme c'est souvent le cas à Rennes lors de tels mouvements sociaux.
La préfecture d'Ille-et-Vilaine a lancé un appel à "quitter les lieux" et à "se désolidariser des fauteurs de troubles", ce qui n'a pas empêché un groupe de manifestants de commencer à monter une barricade avec du matériel de chantier, selon des journalistes sur place. Des tirs de feux d'artifice et de grenades lacrymogènes ont également été échangés. Selon un journaliste de l'AFP, les forces de l'ordre ont fait usage à deux reprises d'un canon à eau pour disperser les manifestants.
429.000 manifestants à 14 heures
Des sources policières indiquent que 429.000 opposants à la réforme des retraites battaient le pavé en France à 14 heures.
323.000 manifestants à la mi-journée
Selon des sources policières à Europe 1, 323.000 personnes manifestaient ce mardi à la mi-journée. Le 31 janvier, date de la dernière journée de mobilisation, 435.000 opposants à la réforme des retraites étaient descendues dans la rue. Pour rappel, selon les informations d'Europe 1, les renseignements attendent entre 900.000 et 1,1 million de personnes ce mardi.
Le cortège parisien s'élance
Le départ de la manifestation parisienne a été donné peu après 14 heures. Le cortège s'est élancé de la place de l'Opéra et rejoindra la place de la Bastille à 19 heures en passant par les Grands Boulevards et la place de la République.
Les Marseillais battent le pavé
À Marseille, les manifestants sont toujours au rendez-vous. Les parkings sont pleins et la CGT annonce avoir affrété autant de bus que durant la dernière journée de mobilisation. Néanmoins, les chiffres ne sont pas encore communiqués, certains manifestants ont l'impression d'avoir réussi à mobiliser un peu moins que lors des manifestations précédentes. "Moi, je suis motivé mais on a l'impression que ça commence à lâcher un peu. On a l'impression qu'il y a un peu moins de grévistes. C'est à nous de les remobiliser", explique Bernard au micro d'Europe 1.
Beaucoup pensent déjà la suite du mouvement. Michel, employé à la Banque de France, estime que les défilés, quelque soit leur succès ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement : "Ça va être difficile dans la durée avec des manifestations seulement de faire plier le gouvernement. Les manifestations, après tout, ne gênent pas le pays. Elles n'ont pas une grande influence sur le débat politique".
"Je pense qu'il faut durcir l'action sans violence mais il faut, à mon avis, que la jeunesse s'y mette. Quand la jeunesse était dans la rue, les gouvernements ont toujours reculé", poursuit-il. Quoiqu'il en soit, la première indication d'un potentiel durcissement du mouvement est l'annonce de la reconduite de la grève dans les raffineries.
Une moindre mobilisation dans le secteur de l'éducation
La troisième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites se traduit mardi par un taux d'enseignants grévistes de 14,17%, dont 14,60% dans le primaire et 13,75% dans le secondaire (collèges et lycées), avec 8 académies déjà en vacances, selon le ministère.
Ces chiffres ne prennent pas en considération la zone A, déjà en vacances scolaires. Cette zone, la première en congés dans le calendrier scolaire, comprend les académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers. Pour cette troisième journée de mobilisation, les syndicats enseignants n'ont pas donné à ce stade de chiffres de mobilisation des enseignants, estimant difficile de "comparer des choses qui ne sont pas comparables", explique le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
Le trafic "fortement perturbé" à la RATP et à la SNCF
La SNCF compte au moins 25% de grévistes ce mardi, annonce l'entreprise. Un chiffre en baisse par rapport au 31 janvier, où la mobilisation atteignait près de 36%, mais aussi en baisse par rapport au 19 janvier dernier (46%), première journée de mobilisation.
Le trafic était encore une fois très perturbé à la SNCF mardi, mais moins que lors des deux journées d'action précédentes. SNCF Voyageurs a annulé 1 TGV sur 2 en moyenne, la quasi-totalité des Intercités et 7 TER sur 10. La situation était une fois de plus contrastée dans la région parisienne, avec entre un tiers et une moitié des trains sur la plupart des lignes et une situation très difficile sur le RER D.
Le secrétaire général de la CGT Cheminots, Laurent Brun, a estimé mardi matin sur Franceinfo qu'il souhaitait "augmenter le niveau de mobilisation" contre la réforme. "Si on en reste à des journées comme celles-là, on en fait encore trois ou quatre, le gouvernement passe son projet", a-t-il mis en garde, alors que les syndicats de cheminots doivent selon lui se réunir "probablement en fin de semaine". Les syndicats de cheminots n'ont pas appelé à la grève pour la quatrième journée d'action nationale samedi, premier jour des vacances pour la zone B (Aix-Marseille et un grand arc de la Bretagne à l'Alsace sauf l'Ile-de-France), mais la CGT Cheminots et SUD Rail veulent prolonger la grève ce mercredi.
Les perturbations étaient également importantes sur le réseau parisien RATP mardi, mais la régie n'a entièrement fermé aucune ligne de métro. Les lignes 8 et 13 étaient les plus touchées, ouvertes uniquement à des heures de pointe élargies sur une partie de leur parcours, tandis que les lignes 1 et 14, automatisées, ainsi que la petites ligne 3bis, fonctionnaient normalement. Les autres lignes devaient être en général ouvertes sur des plages horaires plus ou moins importantes le matin et l'après-midi.
Les bus de la RATP étaient peu touchés et les tramways pas du tout. Des perturbations devaient affecter mardi de nombreux autres réseaux régionaux. Retrouvez toutes les prévisions dans cet article.
Plus d'un salarié sur deux en grève dans les raffineries
La mobilisation restait forte dans les raffineries et dépôts de carburants de TotalEnergies qui comptaient selon la CGT de 75 à 100% de grévistes. La direction du groupe estime pour sa part que le taux de grévistes s'élevait à 56% contre 55% le 31 janvier et 65% le 19. "Les expéditions de produits au départ des sites de TotalEnergies sont interrompues ce jour", a confirmé la direction, les grévistes utilisant des modalités d'action similaires à celles des précédentes journées.
"Il n'y a pas de manque de carburants" dans les stations-service du groupe, a assuré la direction, comme les fois précédentes. "Les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau satisfaisant". Côté électricité, les grévistes d'EDF ont procédé entre lundi et mardi à des baisses de production d'électricité de près de 4.500 MW, l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires, mais sans provoquer de coupures, selon le site internet du groupe. Plusieurs centrales électriques et nucléaires étaient touchées, avec "de forts taux de grévistes" et des "filtrages à l'entrée des sites", selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.
Vers une nouvelle mobilisation massive ?
Selon les informations d'Europe 1, entre 900.000 et 1,1 million de personnes devraient garnir les cortèges de manifestants aux quatre coins de l'Hexagone. Une prévision à la baisse mais qui reste toujours à un haut niveau. Pour rappel, la dernière journée de mobilisation, qui s'était tenue le 31 janvier, avait attiré 1,272 million d'opposants à la réforme.