"Nous affirmons qu'il n'y a pas d'un côté les personnes en situation de handicap et de l'autre celles que le destin, l'existence, aurait épargnée". Le président de la République Emmanuel Macron a présenté mardi à la mi-journée la vision de sa politique d'accompagnement des personnes en situation de handicap, dans le cadre de la Conférence nationale organisée à ce sujet à l'Elysée.
Les mesures annoncées (ou confirmées)
Le chef de l'État a ainsi rappelé l'objectif que "plus aucun enfant" handicapé ne soit laissé "sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre". Leur nombre a déjà été divisé par près de deux entre 2018 et 2019, de 15.000 à 8.000. Mais "le vrai sujet est qu'on manque d'accompagnants" pour aider ces enfants à l'école. Pour y remédier 11.500 postes d'accompagnants supplémentaires seront créés d'ici à 2022, s'ajoutant aux 66.000 prévus à la fin de l'année. Le président a également confirmé la mise en place d'un numéro d'appel unique (le 360) pour répondre à l'angoisse des familles et la création de 1.000 places supplémentaires dans les établissements spécialisés.
Emmanuel Macron a par ailleurs répondu aux inquiétudes des associations sur l'avenir de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), versée à 1,2 million de personnes. Cette prestation ne sera "jamais transformée, diluée ou supprimée" au bénéfice du futur revenu universel d'activité (RUA) qui doit fusionner plusieurs allocations, a-t-il affirmé. Il a par ailleurs annoncé que le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, sera étendu dès l'an prochain de manière à couvrir les aides ménagères, mais aussi l'assistance apportée par un tiers à un parent handicapé pour s'occuper de son jeune enfant.
Sur le front de l'emploi, le gouvernement entend mettre l'accent sur le développement de l'apprentissage. Il a en outre souligné que la question du droit à la vie sexuelle de ces personnes ne devait "pas être un tabou dans la société".
Emmanuel Macron appelle les électeurs à "bousculer" les candidats aux municipales
"Il n'y a pas de nation forte s'il n'y a pas cette capacité à ce que chacun y prenne sa part. Il suffit de voir ce qu'est une classe quand un enfant en situation de handicap arrive. Le premier réflexe collectif, ça peut être les rires des autres, ça peut être l'incompréhension, ça peut être 'ça va être très compliqué, on n'a pas les moyens de l'accueillir, on n'y arrivera pas'. Une fois qu'on a mis le collectif dans la situation de dire : 'C'est un enfant de la nation comme les autres, on va s'organiser, on va se donner les moyens (...) La classe est plus forte", a illustré le président.
Le chef de l'État a également appelé les électeurs à "bousculer" les candidats aux municipales sur le sujet. "J'ai le droit d'être moi-même le lanceur d'alerte sur ce sujet" de la "commune inclusive", a déclaré le président en concluant la Conférence nationale sur le handicap à l'Elysée. "C'est parfois plus efficace que de faire des lois que les citoyens se saisissent de ce sujet" et "qu'ils aillent bousculer tous les candidats pour que les choses se fassent", a-t-il estimé.
Pour lui, l'amélioration de la place des personnes handicapées, qui sont 12 millions en France, "doit être un sujet de campagne des municipales" et "il faut juger les candidats à leur capacité à apporter des réponses concrètes, tangibles et réalistes" sur "la commune inclusive, sans laquelle il n'y a pas de société inclusive". "Notre société montre aujourd'hui combien quand elle se mobilise, elle sait faire bouger le législateur, le gouvernement, le président de la République....", a-t-il ajouté, à un peu plus d'un mois des élections municipales des 15 et 22 mars.
"Je ne pense pas que ça va apporter plus d'avancées que ça"
Mais du côté de certains associatifs, on attend des résultats concrets pour éprouver de la satisfaction vis-à-vis de cette conférence. "Il a très bien fait le constat des choses, voilà. Maintenant, on attend de voir les actes. Concrètement, c'est toujours la même chose qu'on répète depuis l'élection présidentielle. Nous, sur le terrain en tant qu’association, on ne voit pas la différence et je ne pense pas qu'avec les nouvelles annonces on verra quoi que ce soit comme différences malheureusement", indique au micro d'Europe 1 Meryem Duval, vice-présidente du collectif Citoyen handicap.
"Je ne pense pas que ça va apporter plus d'avancées que ça en fait sur le terrain, même si ça a l'air ambitieux. Nous, les associations sur le terrain, on y croit pas trop quoi", résume-t-elle, "surtout que les associations qui ont été invitées à cette conférence, la plupart (...) ne nous représentent pas".