Ultime coup de théâtre dans l'affaire Estelle Mouzin, cette semaine. Après avoir nié son implication dans la disparition de la fillette pendant plus de quinze ans, Michel Fourniret, maintes fois soupçonné par les enquêteurs, a avoué son meurtre devant la juge d'instruction, comme l'a confirmé samedi le parquet de Paris. Europe 1 revient sur les conditions de ces aveux, intervenus dans un contexte très particulier.
Des aveux au deuxième jour d'interrogatoire
La magistrate Sabine Khéris, huitième juge d'instruction de cet épineux dossier et qui a mis en examen le tueur en série en novembre, après que son ex-épouse avait fait tomber son alibi, a convoqué Michel Fourniret pour trois journées d'audition consécutives, de mercredi à vendredi. D'après nos informations, c'est jeudi, au deuxième jour d'interrogatoire, que "l'ogre des Ardennes" a formulé des aveux, reconnaissant avoir tué Estelle Mouzin.
On ne sait pas encore exactement quel degré de précision l'homme a apporté dans ses déclarations. Dix-sept ans après la disparition de la fillette, a-t-il pu donner de nouvelles indications sur la localisation de son corps ? A la fin de l'été 2018, des fouilles chez l'ex-femme de Michel Fourniret n'avaient rien donné.
Un travail de longue haleine
Si les détails sont pour l'instant inconnus, ces aveux sont l'aboutissement du travail de Sabine Khéris, qui oeuvre depuis des mois afin d'instaurer un dialogue avec Michel Fourniret et de l'amener à apporter des réponses, à livrer ses pires secrets. C'est déjà cette magistrate qui avait obtenu de lui des aveux détaillés pour les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce, d'abord niés par le tueur en série.
Dans l'affaire Estelle Mouzin, elle a pris le temps d'interroger patiemment un Fourniret pervers, manipulateur, joueur d'échec qui jauge ses interlocuteurs et ne leur répond que s'il les trouve à sa hauteur. Au détour de ses réponses, dans sa précédente audition fin novembre, il avait justement qualifié la juge Khéris de "bonne joueuse". Avant de glisser : "Si les juges d'instruction français possèdent votre talent, et bien je plains les malotrus".