Quinze ans jour pour jour après la disparition d'Estelle Mouzin à Guermantes, en Seine-et-Marne, son père lance un cri de colère : dans une interview diffusée lundi soir au 20 Heures de France 2, il annonce qu'il veut "attaquer l'Etat pour faute lourde". "C'est plus que de la colère, c'est de la rage et c'est aussi d'avoir été baladé et d'avoir été pris pour un con pendant toutes ces années", s'est indigné Eric Mouzin. "Aujourd'hui, il n'y a ni schéma d'organisation de l'enquête, ni méthode, ni chronologie, ni liste de suspects, ni action engagée, ni échéancier. Il n'y a rien", a-t-il encore poursuivi.
Un dossier monstre. C'est une enquête, pourtant, que les policiers n'ont jamais lâchée. Depuis quinze ans, ils ont déjà interrogé plus de 2.500 personnes, dont 150 en garde à vue, et rédigé plus de 9.000 procès-verbaux, d'après les informations d'Europe 1. Chaque piste, chaque renseignement est systématiquement exploité, y compris récemment, avec des dizaines de vérifications qui continuent d'être lancées.
De nombreuses pistes... sans issues. Dans les années 2000, c'est la piste du tueur en série Michel Fourniret qui a été creusée : son emploi de temps a été décortiqué, et l'ADN de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture analysé, sans résultat. Des soupçons ont également pesé sur son ex-femme, Monique Olivier. Encore une fausse piste.
... sans issues. Dernièrement, c'est la piste du suspect de l'affaire Maëlys, Nordahl Lelandais, qui a été vérifiée, puis définitivement écartée. Pour la justice, le dossier est déjà passé entre les mains de sept juges d'instruction. Alors qu'à la police judiciaire de Versailles, c'est une même femme, commandant de police, qui dirige cette enquête depuis quinze ans, conservant toute la mémoire des investigations. Il y a quelques mois, les enquêteurs ont longuement reçu le père d'Estelle Mouzin, pour un point complet sur le dossier, sans critique de sa part, à l'époque.