La mesure avait suscité un tollé chez les agriculteurs à l'automne. Elle a été confirmée vendredi soir par le gouvernement : à partir du 1er janvier, il y aura bien une distance de sécurité de 5 à 10 mètres entre les zones d'épandage de pesticides, et les maisons. Elle sera de 20 mètres pour les produits les plus dangereux pour la santé (0,3% des produits). Une décision qui, au final, ne satisfait ni les agriculteurs, qui parlent d'agri-bashing, ni les écologistes, inquiets pour la santé publique. Interrogés par Europe 1, les opposants aux pesticides se disent ainsi "stupéfaits" de la décision. De l'autre côté, la FNSEA, syndicat majoritaire chez les agriculteurs, parle d'"une incompréhension".
"À 10 mètres on a le nez sur le champ"
Daniel Cueff, le maire de Langouët en Ille et Vilaine, avait été le premier à prendre un arrêté anti-pesticides, depuis annulé par la justice. Son combat : une distance de sécurité de 150 mètres entre les zones d’épandage et les maisons, demandée par de nombreux maires de communes rurales. Autant dire que la mesure lui semble très loin du compte. "A 10 mètres on a le nez sur le champ, alors qu’est-ce qu’on fait des gens qui habitent a côté ?", s'emporte-t-il. "A moins de leur dire 'c’est comme le nuage de Tchernobyl ça va s’arrêter sur le champ, ça ne va pas venir chez vous'... C’est insupportable !"
"Un impact de 1500 euros par hectare" pour la FNSEA
Du côté de la FNSEA, on considère qu'imposer une distance sans pesticide, même de 10 mètres, c’est moins d’hectares à cultiver et donc un manque à gagner. "Vous avez un impact d’environ 1500 euros par hectare, et vous pouvez monter en dizaines de milliers d’euros si vous êtes sur un hectare de vignes", calcule Eric Thirouin, secrétaire adjoint du syndicat et céréalier en Eure et Loire. "Vous imaginez les conséquences sur les revenus des agriculteurs ? Donc ça, qui est-ce qui va le pendre en charge ?"
Une enveloppe de 25 millions d'euros doit justement être débloquée par le gouvernement pour "accompagner les agriculteurs dans la réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires". Les filières viticulture, arboriculture et maraîchage ont été identifiées comme nécessitant un soutien prioritaire de l’État.