La Cour de cassation a validé mardi le non-lieu dont a bénéficié Henri Leclaire dans l'affaire du meurtre de deux petits garçons en 1986 à Montigny-lès-Metz. Le tueur en série Francis Heaulme sera donc jugé seul devant la cour d'assises. Henri Leclaire est ainsi mis hors de cause définitivement. Le procès de Francis Heaulme, dont la date n'est pas formellement fixée, devrait se tenir au printemps devant la cour d'assises de la Moselle.
De nombreux rebondissements. En 2014, des témoignages de dernière minute, susceptibles de mettre en cause Henri Leclaire, avaient conduit la cour d'assises de la Moselle à suspendre le procès de Francis Heaulme. Un juge d'instruction avait alors été saisi d'une nouvelle information judiciaire. À l'issue de celle-ci, Henri Leclaire, mis en examen, avait dans un premier temps été renvoyé devant les assises, malgré ses dénégations. Puis la chambre d'instruction, qu'il avait saisie en appel, avait prononcé un non-lieu le 7 juillet dernier. La mère de l'une des deux victimes avait formé un pourvoi en cassation.
Un non-lieu validé. Devant la chambre criminelle de la haute juridiction, l'avocat général avait estimé qu'au lieu d'ouvrir une nouvelle information judiciaire visant Henri Leclaire, il aurait fallu rouvrir le dossier pour "charges nouvelles". Le magistrat avait soulevé d'office ce moyen, qui ne figurait pas parmi les arguments soulevés par la défense de la mère de Cyril Beining, à l'origine du pourvoi en cassation. Dans son arrêt rendu mardi, la Cour a estimé qu'il n'y avait pas lieu de relever d'office ce moyen - qui n'avait jusqu'alors jamais été invoqué par quiconque dans la procédure - soulevé par l'avocat général, et ceux qui ont été soulevés par la défense de Chantal Beining.
Leclaire, Heaulme, Dils, une seule affaire. Henri Leclaire avait été le premier à avouer en 1986 le meurtre d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, morts le crâne enfoncé à coups de pierre sur un talus SNCF où ils jouaient, à Montigny-lès-Metz. Mais il s'était rapidement rétracté. Les enquêteurs avaient fini par écarter la piste Leclaire, relevant des inexactitudes dans ses déclarations, et estimant, après une reconstitution, que sa corpulence l'empêchait de monter sur le talus. Quelques mois plus tard, un adolescent de 16 ans, Patrick Dils, avait aussi avoué les meurtres avant de se rétracter. Premier mineur condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il fut, en 2001, l'un des rares détenus en France à bénéficier d'une procédure de révision, qui aboutit à son acquittement. La présence du tueur en série Francis Heaulme à proximité du lieu du crime le jour du meurtre, le 28 septembre 1986, avait été un élément clef de cet acquittement. Après des déclarations de son avocate au sujet de l'état de santé dégradé de son client, une expertise réalisée récemment a jugé son état de santé compatible avec une comparution devant les assises.