Lors des événements de Mai-68, Édouard Balladur était le conseiller social du Premier ministre de l'époque Georges Pompidou. Celui qui a ensuite été Premier ministre entre 1993 et 1995 s'est donc retrouvé au cœur des négociations qui ont abouti aux "accords de Grenelle". Une expérience qui fait de lui l'une des personnes les mieux placées pour comparer ce qu'il se passe aujourd'hui avec les "gilets jaunes" et les événements de l'époque.
Sans organisation, le "mouvement risque de se terminer en feu de paille". "Je pense qu'en mai 1968, la tâche était peut-être plus facile qu'elle ne l'est aujourd'hui", juge-t-il vendredi matin au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1. Selon lui, le problème des "gilets jaunes" aujourd'hui, vient du fait qu'il n'y a "pas d'interlocuteur".
Il pointe par ailleurs "un foisonnement de revendications et une absence de coordination au sein du mouvement de protestation". Sans organisation ni représentants du côté des "gilets jaunes", "leur mouvement risque de se terminer en feu de paille qui ne laissera que des déçus, des gens attristés et qui ne résoudra rien", estime-t-il encore.
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En cas de nouvelles violences, "tout dialogue serait rendu impossible"
La solution pour sortir de cette crise qui est "à la fois sociale, politique et d’abord et avant tout morale" passe par le dialogue, juge Édouard Balladur. "Je pense qu’il faut se parler. Mais pour se parler, il faut que les conditions d’un dialogue efficace soient réunies", lâche Édouard Balladur. Et "tout dialogue serait rendu impossible" en cas de nouvelles violences samedi, lors de la prochaine journée de rassemblement des "gilets jaunes".
Cela "peut très mal se terminer". "Les 'gilets jaunes' ont tout intérêt à éviter la violence." Le "meilleur moyen" pour cela est de "ne pas venir en masse à Paris", poursuit l'ancien député de Paris, qui tient "à rendre hommage aux forces de l'ordre". Il se dit toutefois "très inquiet" car cela "peut très mal se terminer".
Il relève de "l'intérêt national" de "sortir" de cette crise, clame Édouard Balladur, appelant les partis politiques à ne pas "profiter de la situation" : "Il ne faut pas s'imaginer que la politique du pire soit une bonne politique en pareille occurrence. En général, on en subit soi-même les conséquences et cela a été le cas en mai 68. Il faut que chacun se convainque que l'intérêt national doit primer toute autre considération."