Édouard Philippe a présenté vendredi à Lille un plan de 60 mesures du gouvernement contre "la radicalisation islamiste", qui renforce notamment l'isolement des détenus radicalisés dans les prisons françaises et accentue le contrôle de l'enseignement hors contrat. "Cette radicalisation islamiste menace notre société", a déclaré le Premier ministre en présentant ce plan promis par Emmanuel Macron et préparé depuis plusieurs mois par l'exécutif.
Sept quartiers d'évaluation de la radicalisation. Le principal volet, comme attendu, concerne les prisons: 1.500 places vont être créées "dans des quartiers étanches, exclusivement dévolus aux détenus radicalisés", dont 450 "d'ici la fin de l'année", a annoncé Édouard Philippe à l'issue d'un "comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation". Les quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER), où la dangerosité des prisonniers est évaluée pendant plusieurs mois, passeront de trois à sept. Deux quartiers de prise en charge des personnes radicalisées (QPR) doivent être créés en 2018, sur le modèle de celui existant dans la prison de Lille-Annoeulin.
Trois nouveaux "centres de prise en charge "individualisée". Le plan acte également la création de trois nouveaux "centres de prise en charge individualisée" en milieu ouvert, qui s'inspirent d'un centre au Danemark. Ils concerneront principalement des personnes sous contrôle judiciaire, notamment des "revenants" des zones de combat djihadistes en Syrie et en Irak.
Renforcer l'éducation à l'information pour contrer les thèses complotistes. Le second volet principal du plan concerne l'éducation. Le Premier ministre a affiché son soutien à une proposition de loi au Sénat qui va renforcer le contrôle sur les écoles hors contrat, qui n'accueillent que 74.000 élèves mais sont en forte progression. Leur régime de déclaration va être unifié et mis à jour. Le gouvernement souhaite que la proposition de la sénatrice centriste Françoise Gatel "puisse aboutir rapidement et aller à son terme", a-t-il souligné. L'éducation à l'information va également être "systématisée" afin de lutter contre le "complotisme".
Une étude sur les cas de radicalisation dans la fonction publique. Dans la lignée des décrets permettant d'écarter un militaire ou un fonctionnaire exerçant une activité sensible pour des motifs de radicalisation, le Premier ministre a également annoncé le lancement d'une mission pour étudier les cas dans la Fonction publique en général. "Nous devons envisager de pouvoir écarter de ses fonctions un agent en contact avec des publics sur lesquels il est susceptible d'avoir une influence, et dont le comportement porte atteinte aux obligations de neutralité, de respect du principe de laïcité, voire comporte des risques d'engagement dans un processus de radicalisation". La mission, confiée au ministre de la Fonction Publique Gérald Darmanin, devra rendre ses propositions d'ici fin juin.