Gabriel Attal a affirmé mardi qu'il refusait que les écoles ou les universités françaises deviennent la "voie d'eau" d'une "idéologie nord-américaine" qui "prône l'intolérance", faisant référence au wokisme sans le citer. "Je n'accepterai jamais qu'une fac ou qu'une école devienne la voie d'eau en France du déferlement d'une idéologie nord-américaine qui, sous couvert d'une certaine modernité, prône l'intolérance, le refus du débat, bride la liberté d'expression et les opinions contradictoires", a déclaré le Premier ministre devant les députés, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
"Intraitable à toutes les dérives"
Gabriel Attal était interrogé par l'élu Horizons Jérémie Patrier-Leitus sur la montée de l'antisémitisme dans les établissements d'enseignement supérieur et Sciences Po, où l'occupation la semaine dernière d'un amphithéâtre par environ 300 militants pro-palestiniens s'était soldée par des accusations d'antisémitisme de la part de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). Le chef du gouvernement faisait une allusion au "wokisme".
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Ce mouvement issu des luttes afro-américaines, qui signifie "être éveillé" aux injustices sociales, est rejeté notamment dans les milieux conservateurs qui dénoncent ce qu'ils considèrent comme un excès de militantisme à l'égard des revendications de minorités. "L'autonomie de l'enseignement supérieur, ce n'est pas et ce ne sera jamais une autonomie des valeurs républicaines", a estimé Gabriel Attal, se voulant "intraitable à toutes les dérives".
"Police de la pensée"
La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a redit à son tour son "entière mobilisation" contre l'antisémitisme. Mais, a-t-elle ajouté dans le brouhaha, en réponse à une question sur le même sujet du député Rassemblement national Julien Odoul : "Ne comptez pas sur moi pour participer au blanchiment du parti des héritiers de Pétain. Ne comptez pas sur moi pour participer à celui du parti des gudards (du syndicat étudiant d'extrême droite Gud, ndlr) et des identitaires". "Pas plus d'ailleurs que je ne ferme les yeux sur les agissements des groupes communautaristes qui défient la République et ses principes", a-t-elle poursuivi, en plaidant pour une "tolérance zéro contre l'antisémitisme, la haine de l'autre et contre toutes les discriminations".
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"Donc ce qui se passe à (l'établissement privé) Stanislas ne regarde pas l'Etat, mais une altercation à Sciences Po, dont personne n'a le fin mot, justifie la mise au pas de l'école au mépris d'un principe démocratique simple, la liberté académique. En démocratie un gouvernement ne pratique pas la police de la pensée", s'est indigné sur le réseau X le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
Les patrons des enseignants et chercheurs de Sciences Po Paris ont déploré la visite "inopinée" de Gabriel Attal le 13 mars dans l'école, mettant en garde contre toute ingérence et récupération politique. Le Premier ministre s'était invité au conseil d'administration de l'établissement pour annoncer que son gouvernement allait saisir la justice, après l'occupation de l'amphithéâtre sur laquelle les versions divergent.